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Antoine Volodine et ses hétéronymes, ou comment constituer à soi seul une communauté d'écrivainsIsabelle Moncion January 2015 (has links)
Après avoir publié, depuis 1985, une quarantaine d’ouvrages, Antoine Volodine est aujourd’hui reconnu comme l’un des écrivains français contemporains les plus importants. À preuve les nombreuses études qui lui ont été consacrées. Si donc plusieurs traits de son œuvre ont déjà été étudiés, il en est un qui, pourtant fondamental, n’a pas encore été abordé : les textes de l’auteur ne sont jamais signés de son orthonyme, de son nom réel, mais toujours publiés soit sous le nom d’Antoine Volodine — un pseudonyme —, soit sous la signature de plusieurs hétéronymes. Antoine Volodine et ses hétéronymes appartiennent également tous à la communauté des écrivains post-exotiques.
Dans la première partie de ma thèse, j’explore les approches théoriques de la pseudonymie et de l’hétéronymie. J’examine ensuite le contenu donné à ces procédés par deux écrivains qui les ont pratiqués, Kierkegaard et Pessoa, puis je fais état des études qui ont analysé ces pratiques. J’ai mobilisé ainsi, parmi les théories du double, celles qui se rattachent plus à une scission qu’à une duplication du moi : théories psychanalytiques (Freud, Lacan) et anthropologiques (Girard). J’ai aussi exploité les notions deleuziennes de « personnage conceptuel » et de « déterritorialisation ».
Dans une seconde partie, j’ai analysé quatre romans — Des anges mineurs (Volodine, 1999), Ilia Mouromietz et le rossignol brigand (E. Kronauer, 1999), Les aigles puent (L. Bassmann, 2010) et Onze rêves de suie (M. Draeger, 2010) —, ainsi que Le post-exotisme en dix leçons, leçon onze (1998), ouvrage « collectif » où est ébauchée l’esthétique d’une communauté d’écrivains.
Dans le chapitre premier, j’ai repéré les différences présentes dans les œuvres signées par le pseudonyme et les divers hétéronymes afin de dégager les motivations sous-jacentes à cette pluralité d’écriture et les fins que celle-ci sert. Dans le second chapitre, j’ai exploré les ressemblances existant entre ces œuvres pour comprendre les raisons d’être de la communauté d’auteurs post-exotiques.
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Questions de langue(s) chez Antoine Volodine / Questions of language(s) in Antoine Volodine's workSoulès, Dominique 17 December 2013 (has links)
Étudier l’édifice post-exotique construit par Antoine Volodine en s’intéressant à la langue revient à l’envisager à la fois comme objet de représentation, comme « matériau » façonné par l’écrivain et comme outil d’une stratégie littéraire sans concession vis-à-vis du lecteur. Représentée dans de nombreuses séquences fictionnelles, la langue revient d’œuvre en œuvre et permet de révéler l’importance particulière de certaines d’entre elles ainsi que la cohérence interne de cet ensemble romanesque. Façonné sans relâche par Volodine, le français s’en trouve modifié car l’auteur y insère des néologismes et en perturbe les expressions a priori intangibles ; l’analyse de cette poétique fondée sur le mélange et la perturbation, soit l’hybridité, permet en outre de distinguer quelques pratiques linguistiques propres aux hétéronymes. Mais surtout, l’écrivain ouvre le français aux langues étrangères par un biais qui fait jouer la traduction d’une façon inédite et cette hospitalité linguistique qui fait appel à la créolisation conduit à reconsidérer la francophonie (dont elle se revendique). Utilisée pour dénoncer les mésusages linguistiques de discours historiquement identifiés, la langue volodinienne permet à l’écrivain de mettre en place des dispositifs linguistiques et littéraires qui exigent une participation active du lecteur, régulièrement invité à prendre part à la construction du sens. / To study Antoine Volodine’s post-exotic fiction through the prism of language is to consider language as an object of representation, as “material” shaped by the writer, and as a tool in a literary strategy which makes no concessions to the reader. Language is represented in numerous fictional sequences, reappearing as a theme from one text to the next, thereby revealing both the importance of certain novels in his oeuvre as well as the internal coherency of his work. Volodine relentlessly remodels the French language, introducing neologisms and disrupting expressions that seem, a priori, intangible. Furthermore, the analysis of this poetics based on heterogeneity and disruption - or its hybridity - allows certain linguistic practices specific to heteronyms to be identified. Above all, Volodine opens French to foreign languages through an innovative use of translation. This linguistic hospitality, which draws on “creolisation”, calls for a reconsideration of the francophone literary field (which it claims to be part of). Volodine’s language is used to denounce the misuse of language in historically identified discourses, and it is the means by which the writer sets up linguistic and literary devices which demand the active participation of the reader, who is regularly invited to partake in the construction of meaning.
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