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L’influence de la pression à l’évaluation chiffrée des apprentissages des élèves québécois : une analyse des stratégies d’adaptation d’enseignant·e·s de la 6e année

Youyou, Walph Ferentzi 07 1900 (has links)
Durant les deux dernières décennies, la pression à l’évaluation chiffrée, dans le système éducatif québécois, s’est grandement intensifiée. Cette pression a provoqué un accroissement du nombre d’évaluations chiffrées dans les écoles, entrainant dans son sillage des dérives au plan de la pratique comme le gonflement artificiel des notes des élèves pour satisfaire les cibles du Ministère de l’Éducation en matière de réussite. La pression prend de l’ampleur à la fin du primaire, au moment où les élèves de 6e année doivent opérer le passage vers le secondaire. Dans la foulée, la performance scolaire traduite par la note chiffrée représente un critère de choix pour sélectionner les élèves dans certains établissements privés d’enseignement réputés pour leur « excellence ». Dans ce contexte, l’évaluation chiffrée est devenue un enjeu sociopolitique. À ce jour, la recherche a surtout documenté les impacts psychologiques de la pression à l’évaluation chiffrée sur le travail d’enseignant·e·s (stress, anxiété, fatigue, abandon) ; peu d’attention a été portée à la manière dont les enseignant·e·s s’ajustent pour composer avec ce contexte. Ainsi, ce mémoire vise à comprendre comment des enseignant·e·s de 6e année du primaire s’adaptent face à la pression à l’évaluation chiffrée des apprentissages des élèves québécois. Plus précisément, il documente les formes d’adaptations secondaires que les enseignant·e·s déploient pour négocier les contraintes institutionnelles et les conventions professionnelles qui se construisent autour de l’évaluation chiffrée des apprentissages. La théorie de Perrenoud (2004b) sur le « métier d’élève » est ici transposée au « métier d’enseignant » afin d’éclairer ces adaptations secondaires. Sur le plan méthodologique, le point de vue des enseignant·e·s a été privilégié, recueilli au moyen d’entretiens individuels conduits auprès de 4 enseignantes de 6e année travaillant dans des établissements d’enseignement primaire de Montréal et de Laval. Les données recueillies sont présentées suivant deux registres d’analyse. Dans le premier registre, le matériau de recherche est analysé selon le point de vue des participantes à partir d’une stratégie de raisonnement par questionnement analytique (Paillé et Mucchielli (2016). Il en ressort trois catégories d’adaptations secondaires que les enseignantes ont développées pour s’affranchir un peu de l’influence externe qui pèse sur leur travail, à savoir : l’allègement des tâches d’évaluation, l’alignement des modalités d’évaluation et l’ajustement de l’évaluation selon une commande externe. Dans le deuxième registre, en cohérence avec la démarche inductive employée, un éclairage complémentaire est mobilisé pour donner sens à la dynamique d’actions réciproques entre les acteurs qui sous-tend ces stratégies d’adaptation. Il s’agit de la théorie de la régulation sociale de Reynaud (1979), issue de la sociologie des organisations. Combinée aux apports d’autres auteurs affiliés à une perspective interactionniste, cette théorie conduit à éclairer la fabrique de l’évaluation par la mise en relief de trois stratégies de régulation : la régulation de contrôle, la régulation autonome et la régulation conjointe. / Over the past two decades, high-stakes testing has been on the rise in Quebec’s educational system. This pressure provoked an increase in the number of quantitative assessments in schools, leading to some dubious practices such as test score inflation in order to meet the achievement standards established by the Ministry of Education. The pressure is particularly high during the last year of primary education (6th grade) as test scores constitute a key selection criterion for admission into certain private secondary schools known for their “excellence”. In this context, quantitative assessment has become a socio-political issue. To date, research has mainly documented the psychological impacts of high-stakes testing on teachers (stress, anxiety, fatigue, attrition); whilst less attention has been paid to the ways in which teachers adapt to this context. Thus, this research aims to understand how the pressure to increase quantitative assessment affects the teaching profession in Quebec. Precisely, it documents the forms of secondary adaptations that teachers deploy to negotiate institutional constraints and professional agreements concerning the quantitative assessment of learning. Perrenoud's theory (2004b) on “studenting” is transposed to “teachers’ work” to shed light on these secondary adaptations. Methodologically, teachers’ perspectives were foregrounded through individual interviews with four sixth grade teachers working in Montreal and Laval. The data collected are presented using two levels of analysis. At the first level, the data were analyzed from the point of view of the participants, by following an analytical questioning reasoning strategy (Paillé & Mucchielli, 2016). Three categories of secondary adaptations that teachers developed to cope with the external influence that weighs on their work, are identified namely: simplifying evaluation tasks, aligning evaluation methods, and adjusting grades according to an external command. At the second level, the inductive approach adopted at the outset of this research led to mobilizing a complementary perspective drawn from organizational sociology, i.e. Reynaud’s theory of social regulation (1979). Together with other works within an interactionist perspective, this level of analysis helps explain the production of evaluation by highlighting three regulatory strategies: controlled regulation, autonomous regulation, and joint regulation.

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