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Pour une ontologie des traductions littérairesArviset, Sébastien 01 1900 (has links)
Cette thèse part d’une constatation troublante : une œuvre littéraire et sa traduction sont deux textes différents. Comment deux textes différents peuvent-ils s’annuler, être indiscernables en tant qu’œuvre ? Y a-t-il une œuvre, deux œuvres distinctes, ou plutôt, comme nous le proposerons provisoirement, une œuvre relationnelle, la traduction littéraire. Cette relation est en fait une dépendance que nous théorisons, avant de proposer une théorie procéduraliste institutionnelle de l’œuvre et de montrer que les traductions littéraires ne sont pas des œuvres, mais des compositions substitutives, « œuvre » étant un statut qui chapeaute toutes les compositions qui la font fonctionner. Nous montrons en outre qu’elles appartiennent aux pratiques artistiques, qui regroupent un certain nombre d’activités et d’artefacts essentiels au fonctionnement des œuvres d’art. « Œuvre » étant un statut, cela a comme conséquence qu’« auteur » en est un aussi.
Nous tentons ensuite de déterminer si le traduire s’étend à toutes les activités de compréhension, ou s’il y a une spécificité du traduire interlinguistique littéraire. Par la suite, nous étudions les deux principales attitudes qui s’offrent au traducteur au moment de traduire : les approches sourciste et cibliste.
Après quoi nous examinons qui est le lecteur d’une traduction littéraire et dans quelle mesure il se distingue du lecteur de la composition en langue première. Après un examen de la compréhension d’un point de vue empirique, nous en venons à la conclusion que le critère de réussite pour la lecture est la compréhension. Cela nous permet de proposer une étude du critère de fidélité en fonction de la compréhension, tout en précisant qu’une œuvre, étant un statut, n’est jamais traduite.
Pour finir, après avoir appliqué notre théorie aux traductions de Shakespeare réalisée par Voltaire, nous montrons que la pensée de la traduction est travaillée par une méprise ontologique qui confond fidélité sémantique et fidélité ontologique. / This dissertation starts from a troubling observation: a literary work and its translation are
two different texts. How can two different texts cancel each other out, be indiscernible? Is
there one work, two distinct works, or rather, as we will provisionally propose, a relational
work, the literary translation. This relation is in fact a dependence that we theorize, before
proposing an institutional proceduralist theory of the work and showing that literary
translations are not works, but substitute compositions, "work" being a status that
encompasses all the compositions that make it work. We further show that literary
translations belong to artistic practices, which bring together a number of activities and
artefacts essential to the functioning of works of art. "Work" being a status, the
consequence is that "author" is also one.
We then attempt to determine whether translating extends to all the activities related to
understanding, or whether there is a specificity to literary interlinguistic translating. Next,
we study the two main attitudes available to the translator when translating: the sourceand target-oriented approaches.
We then consider who the reader of a literary translation is and how he differs from the
reader of the first-language composition. After studying understanding from an empirical
point of view, we come to the conclusion that a successful reading is one through which
the read work is understood. This allows us to unfold a study of faithfulness according to
understanding, before concluding that a work, being a status, is never translated.
Finally, having applied our theory to the Voltaire’s translations of Shakespeare, we show
that the theory of translation is dominated by an ontological misunderstanding which
confuses semantic and ontological faithfulness.
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