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Étude des connaissances morphologiques dérivationnelles en modalité orale et en modalité écrite d'élèves dyslexiques du primaireBourcier, Amélie 06 1900 (has links)
La lecture est au cœur des apprentissages scolaires et, par le fait même, de la réussite dans bon nombre de disciplines scolaires. Toutefois, ce ne sont pas tous les apprenants qui ont de la facilité à développer cette habileté. En effet, certains élèves éprouvent des difficultés en lecture, et ce, tout au long de leur parcours scolaire. C’est le cas, notamment, des élèves présentant une dyslexie, soit un trouble d’apprentissage de la lecture. La dyslexie serait associée à un déficit phonologique qui entraverait, notamment, la réalisation des correspondances entre les graphèmes et les phonèmes, lors de la reconnaissance des mots. Comme cette dernière est spécifique à la lecture et fortement liée à la compréhension de textes, les dyslexiques éprouvent donc des difficultés importantes à lire.
La reconnaissance des mots implique l’activation et l’utilisation de différentes connaissances se rapportant aux propriétés phonologiques, morphologiques et visuo-orthographiques des mots écrits. Ces connaissances et les procédures qui leur sont associées se mettent en place dans les premières années de scolarisation chez les élèves ayant un développement typique de la lecture. Elles leur permettent de créer des représentations orthographiques correspondant de plus en plus à la norme. La qualité de ces représentations emmagasinées en mémoire contribue à la réussite en reconnaissance des mots. Pour les élèves dyslexiques, les représentations des mots manquent toutefois de précision, ce qui engendre des erreurs lors de la lecture. Comme les connaissances et les procédures phonologiques sont généralement réputées déficitaires chez les élèves dyslexiques, des chercheurs tentent depuis plusieurs années d’identifier d’autres procédures qui pourraient pallier ces lacunes, et ainsi aider ces élèves. Une piste de recherche privilégiée est d’étudier les connaissances morphologiques des élèves dyslexiques lors de la lecture. En effet, étant donné que les mots comportent des propriétés non phonologiques, notamment des propriétés morphologiques, il est possible d’envisager que ces élèves utilisent ces autres propriétés pour mieux reconnaitre les mots. Le bilan de la littérature scientifique portant sur cette question ne permet pas actuellement de dresser un portrait clair de la situation. Une raison pouvant rendre compte de ce constat concerne la grande variabilité des tâches retenues dans les différentes études et le fait que certaines tâches ont été réalisées oralement et d’autres, à l’écrit. Ces tâches varient aussi en termes de contraintes cognitives. Il n’est donc pas surprenant qu’elles soient associées à des taux de réussite variables. De plus, puisque les connaissances orales sont les premières à se développer et qu’elles servent
généralement de base sur laquelle se construisent celles à l’écrit, il est possible de penser que les tâches administrées oralement soient mieux réussies que celles à l’écrit. Or, les études n’ont pas tenté de hiérarchiser les tâches pour mieux comprendre les résultats des travaux menés dans le domaine et ainsi rendre compte du rôle potentiel des connaissances morphologiques en lecture. Également, elles n’ont pas pris en considération les modalités dans lesquelles les tâches sont administrées (à l’oral ou à l’écrit). Dans notre étude, l’objectif est donc d’évaluer et de comparer les connaissances morphologiques, en modalités orale et écrite, d’élèves dyslexiques du primaire à partir de différentes tâches hiérarchisées. Les performances de ces élèves ont été comparées à celles de deux groupes de normo-lecteurs, soit des élèves plus jeunes, mais ayant un même niveau de lecture (CL) et des élèves du même âge chronologique (CA), pour mieux comprendre les comportements en lecture des élèves dyslexiques.
Pour évaluer les habiletés en lecture, nous avons utilisé une épreuve de reconnaissance des mots de la batterie de tests WIAT-II, une épreuve de compréhension en lecture de la batterie de tests K- ABC et une épreuve de vocabulaire (EVIP). Pour l’évaluation des connaissances morphologiques, trois tâches ayant des contraintes cognitives différentes (jugement de relation, décomposition et jugement de plausibilité) ont été retenues à la suite d’une revue de la littérature. Ces tâches ont été administrées à tous les participants d’abord à l’oral, puis à l’écrit quelques jours plus tard.
Les résultats des analyses de variance menées révèlent que les élèves dyslexiques obtiennent des taux de réussite généralement comparables aux CL dans les tâches morphologiques. Cela corrobore les résultats d’autres études et correspond à nos attentes. Toutefois, pour certaines tâches, ils ne se distinguent pas significativement des CA, ce qui pourrait indiquer que les connaissances morphologiques des élèves dyslexiques sont plus élaborées que ce que nous avions anticipé par rapport à leurs habiletés en lecture. Nous avons aussi observé un effet des contraintes cognitives rattachées à chacune des tâches morphologiques. Un effet de la modalité d’administration des tâches a également été observé, mais seulement pour la tâche de jugement de plausibilité, et ce, uniquement pour les élèves dyslexiques. Ainsi, de façon générale, et contrairement à nos attentes, la modalité ne semble pas avoir eu d’impact sur les performances pour les groupes CA et CL. Ces résultats ont des retombées théoriques et pratiques qui sont abordées à la fin de cette thèse. / Reading is at the heart of school learning and likewise, at the heart of success in many school subjects. However, not all learners develop this skill with ease. In fact, some students will experience reading difficulties throughout their school years. It is particularly the case of students with dyslexia, a reading disability. Dyslexia would be associated to a phonological deficit which would hinder, in the learners that are affected, the achievement of graphemes-phonemes correspondences during word recognition. Since this is said to be specific to reading and strongly linked to text comprehension, dyslexic students experience significant difficulties to read.
Word recognition involves the activation and use of various types of knowledge linked to phonological, morphological and visuo-orthographic properties of written words. This knowledge and the procedures which are associated to them are established during the first years of schooling for students whose reading development is typical. They enable them to create orthographic representations corresponding more and more to the standard. The quality of these representations stored in memory contribute to success in word recognition. However, for dyslexic students, word representations often lack precision, which leads to errors during reading. Since phonological knowledge and procedures are generally said to be deficient in dyslexic students, researchers have been trying for several years to identify other procedures that could be useful to them. For this reason, these researchers are interested in the morphological knowledge of dyslexic students during reading. Consequently, since words have some properties that are non-phonological, in particular morphological properties, it is possible to consider that these students use these other properties to recognize words. The current review of the scientific literature on this question does not provide a clear picture of the situation. A reason that could account for this observation concerns the great variability of the tasks selected in the different studies and the fact that some tasks were performed in oral modality and others, in written modality. These tasks also vary in terms of cognitive constraints. It is thus not surprising that they are associated with varying success rates. Furthermore, since oral knowledge is the first to develop and that it generally serves as the basis on which written knowledge is built, it is possible to think that those administered orally will have a better success rate than written tasks. However, studies have not attempted to hierarchize tasks to better understand the results of work carried out in the field and thus account for the potential
role of morphological knowledge in reading. They also have not considered the modality in which the tasks are administered (oral or written). In this study, our objective is thus to assess et compare morphological knowledge, in oral and written modalities, of elementary school dyslexic students by using different tasks that are hierarchized from the start. The performances of these students were compared with those of two groups of normal readers: younger students, but with the same reading level as the dyslexic students (RC) and same age students (AC), in order to better understand reading behaviors of dyslexic students.
To assess reading abilities, a word recognition test from the WIAT-II test battery, a reading comprehension test from the K-ABC test battery and a vocabulary test (EVIP) were used. For the evaluation of morphological knowledge, three tasks (morphological relation judgment, decomposition and plausibility judgment) with different cognitive constraints were selected following a literature review. These tasks were administered to all participants first orally then, several days later, in writing.
The results from the analysis of variance conducted reveal that dyslexic students obtain success rates generally comparable to RC in morphological tasks. This corroborates the results of other studies and meets our expectations. However, for certain tasks, they are not significantly different from AC, which could indicate that the morphological knowledge of dyslexic students is more elaborate than what we have anticipated in relation to their reading abilities. We also observed an effect of the cognitive constraints attached to each of the morphological tasks. Furthermore, an effect of the task administration modality was observed, but only for the plausibility judgment task and only for dyslexic students. Hence, in general, contrary to our expectations, the modality does not seem to have had an impact on the performances of AC and RC groups. These results have theoretical and practical consequences which are discussed at the end of this thesis.
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