Ce travail de recherche se propose d’analyser le rapport de Samuel Beckett (1906-1989) à la danse ainsi que la relation de deux chorégraphes contemporains Dominique Dupuy (1930-) et Maguy Marin (1951-) à ses œuvres. La première partie démontre que Samuel Beckett a été influencé par la danse moderne qu’il a découverte dans l’entre-deux-guerres. Son écriture est devenue plus gestuelle et son propos plus politique. Ainsi, aux corps sains et glorieux promus par les arts nazis, oppose-t-il dans son premier théâtre les corps vulnérables travaillés par la vieillesse et les handicaps, ceux d’hommes que le IIIe Reich a voulu rendre superflus. En 1953, la danse de Lucky d’En attendant Godot est un moyen de dire l’innommable de cette violence. En 1981, la danse de Quad fait resurgir les fantômes du passé pour prévenir le retour du pire. Comment le dire ? La danse, un art du « non mot » participe à cette recherche qui traverse l’œuvre de Samuel Beckett. Ce dont on ne peut pas parler, c’est cela qu’il faut danser. Dans un deuxième temps, cette étude montre comment les œuvres de Samuel Beckett sont à leur tour inductrices de danses où les êtres vulnérables résistent et appellent au care. Danser avec Oh les beaux jours, Acte sans paroles et Cap au pire permet à Dominique Dupuy d’interroger les possibles du grand âge et d’en transformer les représentations. A partir de Fin de partie, Maguy Marin écrit en 1981 May B, une pièce chorégraphique, aux antipodes de la danse performante, qui rend visibles les handicaps. Son œuvre invite à une lecture actualisante de l’œuvre de Samuel Beckett prenant en considération la condition des personnes handicapées et permettant d’entrevoir la possibilité d’une société plus inclusive. La dernière partie témoigne qu’une lecture éthique des œuvres de Samuel Beckett et de leurs projections chorégraphiques peut devenir le vecteur de pratiques d’inclusion et d’émancipation par l’école. Telle est la vocation du projet Meeting Beckett mené en 2016-2017 en partenariat avec le chorégraphe K Goldstein, avec les élèves en situation de handicap d’un dispositif Ulis (Unité localisée pour l’inclusion scolaire) et ceux d’une classe de 5ème. Il s’agit enfin de se demander dans quelle mesure les pratiques artistiques peuvent susciter de nouveaux gestes professionnels à l’école et initier une dynamique inclusive, capable de faire une place à chacun et chacune au sein de la société. / This research analyses the relationship of Samuel Beckett (1906-1989) to dance and the relationship of two contemporary choreographers Dominique Dupuy (1930-) and Maguy Marin (1951-) to his works. The first part shows that Samuel Beckett was influenced by the modern dance he discovered between the two World Wars. His writing became more gestural and his discourse more political. Thus, to the healthy and glorious bodies promoted by the Nazi arts, he opposed in his first theatre the vulnerable bodies weakened by old age and disabilities, those of men whom the Third Reich wanted to make superfluous. In 1953, Lucky's dance in Waiting for Godot is a way of telling the unnamable of this violence. In 1981, the dance of Quad brings back the ghosts of the past to prevent the return of the worst. How to say? Dance, an art of the "non word", is part of this research that runs through Samuel Beckett's work. What one can't talk about is what one has to dance about. Secondly, this study shows how Samuel Beckett's works induce dances in which vulnerable beings resist and call for care. Dancing with Happy days, Act Without Words I and Worstward Ho allows Dominique Dupuy to question the possibilities of old age and transform its representations. Starting with Endgame, Maguy Marin wrote May B in 1981, a choreography miles apart from high-performance dance, which makes disabilities visible. Her work offers an updated reading of Samuel Beckett's work that takes into consideration the condition of disabled persons and allows us to envision the possibility of a more inclusive society. The last part shows that an ethical reading of Samuel Beckett's works and their choreographic projections can become the vector of inclusion practices and emancipation at school. This is the vocation of the Meeting Beckett project conducted in 2016-2017 in partnership with choreographer K Goldstein, with disabled pupils from an Ulis (Unité localisée pour l'inclusion scolaire) and 5th graders. Finally, we need to ask ourselves to what extent artistic practices can encourage new professional gestures at school and initiate an inclusive dynamic, capable of giving a place for everyone in society.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2018BOR30022 |
Date | 05 July 2018 |
Creators | Clavier, Évelyne |
Contributors | Bordeaux 3, Sardin, Pascale, Gouvard, Jean-Michel |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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