Cette thèse s’intéresse à la conception de la résistance dans les travaux de Simone Weil (1909-1943) et de Michel Foucault (1926-1984). Nous y étudions plus précisément les « techniques de soi » que constituent l’ascèse et la mystique. Partant du postulat que les dispositifs de pouvoir actuels reposent aussi bien sur l’individualisme que la dépolitisation, l’objectif est de mettre en avant des « contre-conduites » susceptibles de favoriser voire de recréer une certaine forme d’existence en commun. Nous soutenons ainsi l’idée que l’ascèse et la mystique peuvent – à condition d’être repensées – représenter de véritables armes dans les luttes transversales et continues qui caractérisent notre époque, tout en offrant des modèles d’action opposés à ceux mis en avant par le système capitaliste. À travers la lecture, l’écriture, l’amitié, l’amour, et plus largement une forme d’attention redoublée envers les autres, les techniques de soi conceptualisées par les auteurs peuvent être définies comme un refus préliminaire qui doit mener à des changements structurels plus profonds. En retour, les formes de vie résultant de la mise en place de ces techniques doivent renforcer cette « anti-discipline ». Par-là, il est possible de décrire la mystique weilienne et l’ascèse foucaldienne comme une révolution permanente, c’est-à-dire un éthos révolutionnaire qui offre une alternative à l’échec du « Grand Soir ». Il s’agit en somme d’analyser les conditions de déconstruction et/ou de recréation d’un « soi » qui représente actuellement le pivot de l’oppression sociale. Le travail peut donc aussi bien se lire comme une critique de l’injonction à être soi-même que comme un appel à devenir autre chose que ce que nous sommes. D’un point de vue plus général, l’objectif est également de mettre en dialogue deux auteurs rarement rapprochés dans la philosophie contemporaine, ainsi que d’effectuer un certain nombre de parallèles avec les traditions de pensée anarchistes et postcoloniales pour montrer tout ce que celles-ci ont en commun. / Abstract : This thesis studies the notion of resistance in the works of Simone Weil (1909-1943) and Michel Foucault (1926-1984). It deals more precisely with two technologies of the self, ascetism and mystic. As individualism and depoliticization seem to characterize “late capitalist” societies, our goal is to present some “counter-conducts” that could foster and even re-create common lifeforms. Under certain conditions, we support the idea that these technologies can be of great support in the permanent and transversal struggles of our times, while offering a praxeological model that doesn’t match the capitalism generic set of values. Through skills such as reading, writing, love or friendship, and a reinforced attention to the world, the technologies of the self depicted by Weil and Foucault could be described as a first act of resistance that can lead to deeper and greater structural changes. In a dialectical way, the structures resulting of these practices also must favorize the emergence of an “anti-discipline”. Regarding to these elements, Weil’s mystic and Foucault’s asceticism look like attempts to put permanent revolution in practice and propose an interesting alternative to the communist model. The goal of this thesis is therefore to analyze some ways of deconstructing and/or recreating a “self” that currently represents a coercive and oppressive force. More generally, it aims to create a discussion between two thinkers that are rarely studied together, and to draw some parallels with anarchist and post-colonial thoughts to show how much all these movements share.
Identifer | oai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/28681 |
Date | 01 1900 |
Creators | M'Bama, Dimitri |
Contributors | Devette, Pascale, Simard, Augustin |
Source Sets | Université de Montréal |
Language | fra |
Detected Language | French |
Type | thesis, thèse |
Format | application/pdf |
Page generated in 0.0022 seconds