Écrites dans le vague souvenir des romans d’apprentissage du début de l’ère industrielle, les œuvres de Marcel Proust, Osman Lins, Vidiadhar Surajprasad Naipaul, Joyce Carol Oates et Roberto Bolaño reviennent avec mélancolie à une question qui marque la modernité : comment tracer l’histoire de l’arrivée dans une grande ville ? À la Recherche du temps perdu et Blonde examinent des rituels mondains au sein des capitales transformées par la guerre. L’absence d’ordre produit des fils énigmatiques, à l’image du kaléidoscope, de la spirale, du labyrinthe et de la cité de sable, ces dispositions s’appliquant à l’écriture de l’espace urbain et du récit qui y conduit. L’Énigme de l’arrivée les relie aux problématiques de la migration, de la langue mondiale et de l’empire multiculturel qui se consolide dans la deuxième moitié du XXe siècle. L’œuvre de Lins fait converger l’urbanité, l’ésotérisme et des mondanités intellectuelles : l’imitation, la citation, la bibliographie. L’urbain devient une satire chez Bolaño : ses arrivistes et ses carriéristes, qui sont des poètes et des professeurs de littérature, appartiennent à la famille des meurtriers de masse. La nostalgie du roman d’apprentissage urbain, désormais sous le signe du regret, demande une réévaluation intégrale. Alors que la métaphore végétale indique des processus stylistiques de décomposition qui joignent la désurbanisation et l’émergence de la vie de l’esprit, l’écriture des plantes peut conduire plus largement à de nouvelles possibilités d’individuation, moins motivées par la pulsion mondaine qui caractérise les récits capitalistes, et plus discrètement marquées par l’inscription non instrumentale et involontaire, autrement violente, dans la nature. / Written with the vague memory of the novels of formation of the beginning of the industrial era, the novels of Marcel Proust, Osman Lins, Vidiadhar Surajprasad Naipaul, Joyce Carol Oates and Roberto Bolaño return with melancholy to a question that has marked modernity: how do we record the story of the arrival in a big city? In Search of Lost Time and Blonde examine the worldly rituals at the heart of the capitals transformed by war. The absence of order produces enigmatic forms: in the image of the kaleidoscope, the spiral, the labyrinth and the city of sand, these forms arrange the writing of the urban space and the narrative that leads into it. The Enigma of Arrival links those processes to the problematics of migration, global language and the multicultural empire that has taken shape during the second half of the twentieth century. The work of Lins brings together urbanity, esoterism and elements of intellectual worldliness: imitation, quotation, bibliography. The urban becomes a satire in Bolaño: his arrivistes and his careerists, who are poets and teachers of literature, belong to the family of mass murderers. The novel of urban formation, now available only as a lost object, a target for nostalgia under the sign of regret, merits thorough reevaluation. Seeing that the vegetal metaphor points to stylistic processes of decomposition that bring together de-urbanization and the emergence of the life of the mind, the writing of plants may lead to new possibilities of individuation, less motivated by the worldly pulsion that characterizes capitalistic narratives, and bearing more discreet traces of the non-instrumental and involuntary, more violent inscription into nature.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2018USPCA127 |
Date | 03 December 2018 |
Creators | Brito, Luciano |
Contributors | Sorbonne Paris Cité, Samoyault, Tiphaine |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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