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L'éducation libérale entre contrainte et émancipation

Ce mémoire a pour objet les théories libérales de l’éducation, et en particulier les théories issues de la tradition analytique anglo-américaine. Il s’intéresse à la manière dont ces théories tentent de concilier leur visée émancipatrice, nourrie par l’attachement historique du libéralisme à la valeur de liberté individuelle, avec la nature contraignante de la scolarisation. Notre prémisse veut en effet qu’il existe une tension normative entre d’une part la visée émancipatrice de ces éducations, et d’autre part les méthodes de la scolarisation contemporaine, laquelle consiste en une intervention planifiée dans la vie d’une personne, visant à façonner ses connaissances, compétences, valeurs et conceptions du monde en recourant notamment à la coercition et à la discipline. Les théories de l’éducation se voulant émancipatrices affichent ainsi une volonté paradoxale : elles souhaitent libérer par la contrainte, produire chez l’élève un gain de liberté grâce à une privation initiale de liberté. Nous soutenons que, bien qu’il ne s’agisse pas d’une contradiction insoluble, il s’agit néanmoins d’un problème que ces théories doivent considérer, au risque de contredire leurs fins par leurs moyens ou de s’appuyer sur une conceptualisation inconséquente.
Dans notre développement, nous étudions trois des courants théoriques aujourd’hui dominants dans la pensée libérale de l’éducation : l’éducation libérale « classique » inspirée de l’humanisme, l’éducation citoyenne visant à façonner une société libérale respectueuse et démocratique, et enfin l’éducation appliquant le principe libéral de neutralité et se limitant à l’instruction factuelle. Chacune de ces éducations nous paraît échouer à traiter adéquatement notre tension normative, et cela principalement en raison de leur attachement au modèle curriculaire d’éducation. La thèse principale de ce mémoire veut que la planification curriculaire d’une éducation, prédéterminant ses fins, contenus et méthodes, soit forcément incompatible avec une visée émancipatrice, puisqu’elle constitue d’emblée un déni des volontés et valorisations autonomes des élèves. Nous concluons d’ailleurs ce mémoire en esquissant un modèle non-curriculaire d’éducation qui selon nous parvient à concilier avec succès visée émancipatrice et interventionnisme pédagogique. / This master’s thesis is about liberal theories of education, and particularly those from the analytical tradition. It studies the way these theories try to accommodate an end of emancipation, resulting from liberalism’s historical attachment to the value of individual liberty, with the authoritarian nature of schooling. Our premise states that there is a normative tension between such an end of emancipation and the methods of contemporary schooling, which consists in a planned intervention in the life of another person, aiming to model their knowledge, skills, values and understandings of the world while using coercion and discipline. The emancipatory theories of education therefore display a paradoxical will : they wish to free by coercion, to produce a gain of liberty through an initial loss of liberty. We argue that, though it is not an inescapable contradiction, the emancipatory theories of education need to address this tension, in order not to contradict their ends with their means or to rely on an inconsistent conceptualization.
Our three chapters each study one the main theoretical currents in contemporary liberal philosophy of education : the « classical » liberal education, inspired by humanism, the civic education aiming to produce a respectful and democratic liberal society, and the factual education applying the liberal principal of neutrality. These educations all seem to fail to address our normative tension, mainly because of their attachment to the curricular model of education. Our main thesis states that the curricular planning of an education, prescribing its ends, contents and methods, is necessarily inconsistent with an end of emancipation, since it already constitutes a negation of the student’s autonomous will and valorizations. Hence, we conclude this thesis by outlining a non-curricular model of education, which could accommodate better an end of emancipation with the authoritarian intervention that is schooling.

Identiferoai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/24358
Date12 1900
CreatorsHéon, Arthur-Friso
ContributorsNadeau, Christian
Source SetsUniversité de Montréal
Languagefra
Detected LanguageFrench
Typethesis, thèse

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