La quasi-totalité des expériences émotionnelles font l’objet d’un partage social, qui se met en place rapidement après leur survenue et se fait majoritairement à destination des proches. Si, indépendamment de leurs caractéristiques (âge, sexe, culture,...) et de celles de l’événement en question (valence émotionnelle, type d’émotion,…), les individus sont si enclins à parler de leurs émotions à autrui, ce serait notamment parce que cela peut les aider à gérer leurs états émotionnels. Verbaliser ses émotions permettrait en effet à l’individu de mobiliser son entourage lorsqu’il est sous le coup de l’émotion et peu en état de gérer seul son état émotionnel. Cette mobilisation de l’entourage social permettrait de combler à la fois les besoins socio-affectifs et les besoins cognitifs suscités par l’émotion, via la mise en place de stratégies intrapersonnelles et interpersonnelles de régulation émotionnelle. Qu’il s’agisse de stresseurs de la vie quotidienne ou de stresseurs de forte intensité et négatifs comme dans le cadre de la pathologie cancéreuse, lorsque les individus parlent de leurs expériences émotionnelles, ce serait notamment parce qu’ils éprouvent des difficultés à les gérer et cherchent auprès d’autrui une aide pour les réguler. Parler de ses émotions ne serait toutefois pas bénéfique pour tous dans la même mesure. L’efficacité de ces stratégies serait notamment déterminée par le style d’attachement et les attentes qui lui sont liées quant à la façon dont autrui peut nous aider à gérer nos états émotionnels. La contribution du partage social des émotions dans la régulation émotionnelle est donc au centre de cette thèse, et a été abordée au moyen de trois études. La première étude a permis de mieux cerner le rôle de la verbalisation émotionnelle dans la gestion des expériences émotionnelles à travers la création d’une échelle d’évaluation des motifs allégués de partage social (Article 1). Cet outil, qui permet d’identifier les stratégies intrapersonnelles et interpersonnelles instaurées via le partage social, a été utilisé dans une seconde étude, visant à tester l’hypothèse selon laquelle les patients atteints de cancer partagent socialement leurs états émotionnels dans le but de mettre en place des stratégies de gestion des émotions, qui contribueraient à pallier leurs difficultés de régulation émotionnelle et favoriseraient à terme leur ajustement à la maladie (Article 2). Enfin, l’objectif de la dernière étude était de déterminer si les stratégies initiées via le partage social médiatisent le lien entre le style d’attachement et les difficultés de régulation émotionnelle (Article 3). Nos résultats sont discutés, et des pistes de recherches ainsi que des pistes d’application dans le domaine de la santé sont proposées. / Nearly all emotional experiences are socially shared, rapidly after their occurrence and mainly with close relatives. If, whatever their characteristics (age, gender, culture,…) and those of the event (emotional valence, type of emotion,…), individuals are so prone to talk about their emotions with the others, it would particularly be because it can help them to manage their emotional states. Verbalizing one’s emotions would indeed permit the subject to catch his/her relatives’ interest when he/she is under the impact of the emotion and hardly able to manage his/her emotional state alone. This mobilization of the close circle would permit to fit not only the socio-affective needs but also the cognitive needs the emotion gives rise to, through the initiation of intrapersonal and interpersonal emotion regulation strategies. May it concern current life stressors or high intensity and negative stressors, as it is the case in cancer, when the individuals talk about their emotional experiences, it would notably be because they have difficulties in managing them and as a consequence seek help to the others in order to regulate these experiences. However, talking about one’s emotions would not be beneficial for everybody in the same way. The efficacy of those strategies would notably be determined by the attachment style and the expectancies it creates about the way the others can help us to manage our emotions. So, the contribution of the social sharing of emotions in the emotion regulation is at the heart of this thesis, and was investigated by three studies. The first study has permit to better understand the role of the emotional verbalization in the emotion regulation by creating an evaluation scale of the alleged motives for social sharing (Article 1). This scale, which permits to identify the intrapersonal and interpersonal emotion regulation strategies initiated through the social sharing, was used in a second study, whose goal was to test the hypothesis that the cancer patients socially share their emotional states in order to initiate emotion regulation strategies, which would contribute to diminish their difficulties in emotion regulation and, as a consequence, to ameliorate the way they face the disease (Article 2). Finally, the last study aimed at determining if the emotion regulation strategies initiated via the social sharing mediate the link between attachment style and difficulties in emotion regulation (Article 3). Our results are discussed and research perspectives and clinical applications are proposed.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2013LIL30023 |
Date | 25 September 2013 |
Creators | Duprez, Christelle |
Contributors | Lille 3, Christophe, Véronique |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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