Dans la lignée des travaux sur l’intersectionnalité, cette thèse s’intéresse aux imbrications des catégories de « race », de classe et de genre ainsi qu’à l’articulation du féminisme, de l’antisémitisme et du racisme dans les écrits de Sophie Rogge-Börner (1878-1955). Ce travail dévoile d’abord les mécanismes de racialisation du rapport de pouvoir entre les sexes à l’œuvre tant dans l’établissement d’une équivalence entre « race » nordique et égalité des sexes que dans la construction du caractère « juif » du patriarcat. Il confronte ensuite le modèle explicatif de l’émergence de la domination masculine comme produit d’un métissage et symptôme d’une dégénérescence avec l’affirmation du caractère construit de la différence de sexe. Il étudie alors les revendications concrètes d’un discours qui faisait de l’émancipation féminine à la fois une potentialité circonscrite par l’appartenance raciale et la condition de réalisation du renouveau racial. Ce faisant, il montre que le recours à des catégories anhistoriques et essentialisées pouvait être au fondement d’un féministe certes égalitariste mais non-universaliste. Enfin, il s’intéresse à la pérennité de ces idées au sein de la Nouvelle Droite. En prenant le contrepied d’une définition normative du féminisme, ce travail montre comment un mouvement politique d’émancipation a pu d’une part produire de nouvelles exclusions et hiérarchisations entre les femmes et d’autre part fournir de nouveaux arguments au discours raciste et antisémite pendant la République de Weimar et le national-socialisme. Il met ainsi au jour une configuration spécifique de l’intrication entre domination de « race » et domination de genre. / Taking on the extensive debate on intersectionality, this doctoral thesis examines the interlocking of the categories race, class and gender as well as the articulation of feminism, anti-Semitism and racism in the writings of Sophie Rogge-Börner (1878-1955). Firstly, this project exposes the mechanisms of racialization of the power relations between the sexes which were at work in the production of an equivalence between the Nordic “race” and gender equality as well as in the ascribing of a “Jewish” character to patriarchy. The thesis then describes Rogge-Börner’s explanation for the advent of male domination as a result of racial mixing and degeneration and confronts it with her assertion of the constructed character of sexual difference. Furthermore, the project analyses the concrete demands of a discourse which presents female emancipation as a potential limited by racial origin as well as the condition for racial regeneration. The thesis shows that the reference to ahistorical and essentialist categories could be the basis for an egalitarian but non-universalist understanding of feminism. Finally, the project looks at the persistence of these ideas within the New Right.In consciously avoiding a normative definition of feminism, this thesis shows how a political emancipatory movement, on the one hand, produced new exclusions and hierarchies among women and, on the other hand, provided new arguments to the racial and anti-Semitic discourse during the Weimar Republic and the Third Reich. The thesis thus brings to light a specific intricacy of racial and sexual dominance.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2014ENSL0931 |
Date | 19 September 2014 |
Creators | Meyer, Jennifer |
Contributors | Lyon, École normale supérieure, Universität Erfurt, Senellart, Michel, Kraft, Claudia |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
Page generated in 0.0025 seconds