Le thème général de cette thèse est l’identité linguistique: la relation qui fait que différents éléments linguistiques comptent comme "un même élément" ou comme “identiques” même s'ils sont hétérogènes d'un point de vue interne ou présentent des propriétés de surface différentes. Je traite de six questions sur ce thème.Le chapitre 1 concerne les segments phonétiques. La phonétique traditionnelle modélise la parole continue comme une concaténation de segments discrets de durées temporelles non spécifiées. Cependant, au cours des dernières années, les idéalisations segmentales de la parole ont été remises en question par des approches éliminativistes à l’égard des segments phonétiques. Le chapitre tente de justifier la phonétique segmentale face aux arguments éliminativistes.Le chapitre 2 concerne les objets phonologiques. Les énoncés phonologiques quantifient sur les phonèmes, qui sont des entités controversées. Aucune ontologie standard n'accepte de les faire figurer parmi l’“ameublement du monde”. Par conséquent, se pose la question suivante: comment les énoncés de règles phonologiques parviennent-ils à recevoir les valeurs de vérité attendues ? Le chapitre propose d'aborder la question en appliquant le non-factualisme de Stephen Yablo aux objets phonologiques.Le chapitre 3 traite du problème type-token. Il existe plusieurs théories concurrentes de la relation spécifique désignée par le prédicat “est un token de”, tel qu’on l'emploie dans le domaine linguistique. La théorie dominante est que les tokens instancient les types, mais cette thèse fait face à plusieurs difficultés conceptuelles. S'appuyant sur des travaux antérieurs de Zoltan Szabó, le chapitre propose une nouvelle approche du problème type-token, basée sur l'idée que les sons et les inscriptions du langage représentent des formes phonologiques et orthographiques.Le chapitre 4 traite du comptage de mots. Selon certains, l'identité des mot-types dépend de leur similarité en matière d'attributs structurel-fonctionnels. Selon d'autres, l'identité des mot-types dépend de leur lignée historique-causale. Les deux cadres donnent lieu à des manière différentes de compter les mots. Lequel d'entre eux est métaphysiquement adéquat ? Le chapitre propose une théorie quiétiste du comptage de mots, en soutenant qu'il n'y a pas de réponse factuelle et non-théorique à la question de “combien de mot-types existent” dans un monde ou scénario linguistique.Le chapitre 5 porte sur un problème dans la théorie de l'anaphore. On pense habituellement que l'anaphore implique la coréférence. Ce principe général, cependant, semble être contredit par des phrases où un pronom non lié hors-citation dépend d'un antécédent dans une citation. Le chapitre soutient que les phrases présentant les caractéristiques décrites ci-dessus n'invalident pas le principe général, et articule une analyse des cas problématiques axée sur la notion de "saillance".Le chapitre 6 porte sur la coréférence de jure. La coréférence de jure est un type particulier de relation de coréférence qui a attiré beaucoup d'attention dans la littérature récente. Cependant, son autonomie par rapport à d'autres variétés de coréférence (notamment la coréférence accidentelle) et ses propriétés distinctives font l'objet de controverses. Le chapitre fournit une présentation systématique des motivations sous-jacentes à l'introduction de la notion de coréférence de jure et défend une approche conservatrice de sa relation avec la grammaire de la phrase: la distinction entre coréférence accidentelle et coréférence de jure est réelle mais invisible du point de vue de la structure linguistique. / The overarching theme of this dissertation is linguistic sameness: the feature by which different bits of language are able to count “as a unit” or as “the same” even if they are internally heterogeneous or exhibit different surface properties. I pursue six issues within this theme.Chapter 1 is about phonetic segments. Mainstream phonetics models continuous speech as a concatenation of discrete, letter-sized segments of unspecified temporal duration. In recent years, however, segment-based idealizations of speech have been called into question by eliminativist approaches to phonetic segments. The chapter attempts to vindicate segmental phonetics in face of the eliminativist arguments.Chapter 2 is about phonological objects. Phonological statements quantify over phonemes, which are controversial particulars. No standard ontology accepts them as part of the furniture of the world. Hence, the question arises of how phonological statements manage to exhibit their perceived distribution of truth values. The chapter proposes to address the issue by applying Stephen Yablo’s non-factualism to phonological objects.Chapter 3 is about the type-token problem. There are competing accounts of what specific relation is designated by the predicate “is a token of” as applied to the linguistic domain. The mainstream view is that tokens instantiate types, but this thesis presents several conceptual difficulties. Building on previous work by Zoltan Szabó, the chapter proposes a novel approach to the type-token problem, one based on the notion that speech sounds and inscriptions represent phonological and orthographic forms.Chapter 4 is about word counting. According to some, word type identity is established by similarity in structural-functional attributes. According to others, word type identity is established by sameness of causal-historical lineage. The two frameworks yield competing word counting policies. Which of them is metaphysically adequate? The chapter articulates a quietist take on word counting, one arguing that there is no non-theoretical fact of the matter about “how many word types exist” in any given language-infused world or scenario.Chapter 5 is about a puzzle in the theory of anaphora. Anaphoric dependency is commonly thought to entail coreference. This mainstream principle, however, appears to be violated by sentences where an off-quote unbound pronoun depends on an antecedent within closed quotation marks. The chapter argues that sentences exhibiting the described pattern do not invalidate the mainstream principle, and articulates a salience-based analysis of the problematic cases.Chapter 6 is about de jure coreference. De jure coreference is a peculiar kind of coreference relation that has attracted much attention in recent research. However, its autonomy from other varieties of coreference (most notably, accidental coreference) and its signature properties are the subject of controversy. The chapter provides a systematic presentation of the motivations underlying the introduction of de jure coreference, and defends a conservative account of its relationship to sentence grammar: the de jure vs. accidental divide is real but invisible from the standpoint of linguistic structure.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2017EHES0091 |
Date | 15 September 2017 |
Creators | Gasparri, Luca |
Contributors | Paris, EHESS, Récanati, François |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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