Dans cette thèse nous examinons la traduction d’un autre angle que celui de la transposition
d’un texte d’une langue à une autre. Nous considérons ici que la « traduction » est une
expérience transformationnelle vécue par un être humain hors de son environnement naturel
ou habituel. La vie d’Henri Le Saux illustre ce phénomène car elle est celle d’un moine
bénédictin français qui quitte son monastère breton pour se rendre en Inde afin de
christianiser les Indiens. Mais dès son arrivée en terre de Bharat, son cheminement prend un
autre tournant et il devient un sannyasi ou renonçant. Ce qui distingue néanmoins le
parcours de Le Saux est qu’il ne se convertit pas à l’hindouisme, mais se trans‐forme plutôt
pour devenir un amalgame vivant de deux religions. Il se trans‐forme, c’est‐à‐dire la forme
initiale de sa religion change mais le fond de celle‐ci subsiste, tout comme une traduction ne
changera que la forme d’un texte. De la même façon qu’un texte transposé dans une autre
langue s’ouvre à une autre culture, ainsi en Inde, Le Saux s’ouvre au changement, il accueille
l’Autre et en intègre des éléments. L’Advaita Vedanta se mêle à son christianisme et
transforme sa religion « source », c’est ainsi que l’ascète vit un métissage, comme le
traducteur qui tout en traduisant, lui aussi se traduit et se « métisse ». Tout au long de
l’histoire, des peuples ont été traduits et la traduction a joué un rôle primordial dans les
diverses missions de colonisation. Vicente Rafael relate notamment les stratégies
traductionnelles utilisées aussi bien par les colonisateurs venus d’Espagne, que par les
Tagalog, peuple autochtone des Philippines. Comme agent indispensable de tout échange
interlingual, la traduction permet à plusieurs cultures de se rencontrer et d’entrevoir
l’existence d’un substrat universel sémantique qui puisse unir un texte à toutes ses
traductions. La vie d’Henri Le Saux, quant à elle, illustre, tout au long de son expérience,
l’existence d’un substrat universel sous‐jacent dans les diverses religions de notre planète.
Cette thèse veut alors souligner ces phénomènes de traduction qui facilitent à la fois des
rencontres sémantiques et religieuses, et font de la diversité du monde une mosaïque
construite sur un substrat commun à tout être humain.
Identifer | oai:union.ndltd.org:LACETR/oai:collectionscanada.gc.ca:OOU.#10393/24166 |
Date | 14 May 2013 |
Creators | Bates, Diana Ossana |
Source Sets | Library and Archives Canada ETDs Repository / Centre d'archives des thèses électroniques de Bibliothèque et Archives Canada |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Thèse / Thesis |
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