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Les enfants victimes d'agression sexuelle : l'association entre leur trajectoire en protection de la jeunesse et des symptômes de détresse psychologique

Les enfants victimes d'agression sexuelle (VAS) peuvent vivre des difficultés variées à la suite de leur victimisation. Parmi ces difficultés, des conséquences notamment sur le plan psychologique peuvent être vécues, telles que de l'anxiété et des symptômes dépressifs. À la suite du dévoilement de l'agression sexuelle (AS), la trajectoire de services de l’enfant peut varier selon le degré d’intervention de la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ), engendrant des changements marqués dans sa vie. Le modèle théorique de Friedrich (1990) stipule que ces changements pouvant impliquer une rupture de liens au sein de la famille (ex : par un placement de l'enfant ou un interdit de contact avec le présumé agresseur), pourraient exercer une influence sur la culpabilité ressentie par l'enfant, lequel pourrait également se culpabiliser par rapport aux causes de l'AS. Une autre théorie stipule que la réaction émotionnelle de l’enfant à la suite du dévoilement peut varier en fonction d’un certain nombre de facteurs personnels, familiaux et contextuels (Spaccarelli, 1994). Bien que l’influence de certains facteurs contextuels et familiaux ait été explorée par le passé (telle que l'importance du soutien à la suite du dévoilement de l'AS sur le bien-être psychologique de l'enfant VAS (Lemieux et al., 2019; Quas et Goodman, 2012; Back et al., 2011)), on en sait peu sur l’influence des décisions qui sont prises dans le cadre de la prise en charge (placement par le centre jeunesse (CJE) ou l'implication continue du CJE, par exemple). Objectif : L'objectif de ce mémoire est de documenter les symptômes psychologiques des enfants VAS en lien avec leur trajectoire de prise en charge. Ainsi, le présent mémoire explore l’influence de facteurs contextuels liés à la prise en charge (placement de l'enfant, interdit de contact avec l'agresseur, l'intensité de l'implication des professionnels dans la vie de l'enfant, le contact continu avec l'intervenant du CJE en cours d'évaluation et le nombre d'évènements stressants liés au dévoilement) et de facteurs personnels (stratégies d’évitement et culpabilité) sur l’état émotionnel de l’enfant (détresse psychologique). Méthode : Ce mémoire vise à répondre à deux questions principales : 1) Quels sont les facteurs qui exercent une influence sur la détresse psychologique des enfants VAS ? Une sous-question émerge de cette question principale : les filles et les garçons expérimentent-ils le même niveau de détresse psychologique et les mêmes facteurs internes ? 2) Les facteurs externes à l'enfant exercent-ils une influence additionnelle aux facteurs internes à l’enfant sur la détresse psychologique ? Des enfants VAS ont été recrutés par le Centre d'expertise Marie-Vincent (CEMV) (n = 369), soit 249 filles et 120 garçons. Ces enfants et un de leurs parents non-agresseur ont rempli des questionnaires visant entre autres à évaluer les répercussions liées à l'AS. Afin de répondre aux questions de recherches, des analyses de régression linéaire hiérarchique et un test t pour groupes indépendants ont été exécutés. Résultats : L'intensité de l'implication des professionnels dans la vie de l'enfant, la culpabilité et les stratégies d'évitement sont associés à plus de détresse psychologique chez les enfants VAS. Le modèle final de régression hiérarchique permet de prédire près de 41% de la variance sur le score de détresse psychologique des enfants VAS. Conclusion : Les résultats obtenus concordent en partie avec la littérature actuelle. D'autres recherches seraient nécessaires notamment afin de déterminer si d'autres variables liées à la prise en charge, telles que les contacts supervisés avec l'agresseur, peuvent être associées de manière significative à la détresse psychologique ressentie par les enfants VAS. / Child victims of sexual abuse can experience a variety of difficulties as a result of their victimization. Among these difficulties, psychological consequences can be experienced, such as anxiety and depressive symptoms. Following the disclosure of the sexual abuse, the child's services trajectory may vary depending on the degree of intervention by the youth welfare services, resulting in significant changes in the child’s life. Friedrich's (1990) theoretical model stipulates that these changes, which can involve a breakdown of family ties (e.g.: resulting from the placement of the child or prohibition of contact with the presumed perpetrator), could affect the child’s feeling of guilt and may also be related to the child’s feeling of guilt about the causes of the sexual abuse. Another theory stipulates that the child’s emotional response following disclosure may be influenced by a number of personal, familial and contextual factors (Spaccarelli, 1994). Although the influence of some contextual and familial factors has been explored in the past (such as the importance of support on the child's psychological well-being following the disclosure of the abuse (Lemieux et al., 2019; Quas et Goodman, 2012; Back et al., 2011)), little is known about the influence of the decisions that are taken by the youth welfare services (placement of the child or the ongoing involvement of youth welfare services, for example). Objective: The objective of this research is to document the psychological symptoms of child victims of sexual abuse in relation to their services trajectory. This project explores the influence of contextual factors (placement of the child, prohibition of contact with the abuser, intensity of involvement of professionals in the child's life, continued involvement of youth welfare services and the number of stressful events related to disclosure) and personal factors (avoidance strategies and guilt) on the child’s emotional state (psychological distress). Method: There are two main questions leading this project: 1) Which factors can influence the psychological distress of child victims of sexual abuse? A sub-question emerges from this first main question: do boys and girls experience the same level of psychological distress and the same internal factors? 2) Do external factors to the child bring an additional influence to the child's internal factors on psychological distress? Child victims of sexual abuse were recruited by the Centre d'expertise Marie-Vincent (CEMV) (n = 369), comprising 249 girls and 120 boys. These children and one of their non-offending parents completed questionnaires to assess the impact of the sexual abuse. In order to answer the research questions, hierarchical regression analyses and test t for independents groups were performed. Results: The intensity of professional involvement in the child’s life, guilt and avoidance strategies were associated with more psychological distress experienced by child victims of sexual abuse. The final hierarchical regression model predicts nearly 41% of the variance on the psychological distress score. Conclusion: The results obtained are in part consistent with current literature. Further research would be needed, particularly to determine whether other components of the child's taking charge trajectory, such as supervised contact with the abuser, can be significantly associated with the psychological distress experienced by those children.

Identiferoai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/26468
Date08 1900
CreatorsOuvrard-Ménard, Camille
ContributorsDaignault, Isabelle V.
Source SetsUniversité de Montréal
Languagefra
Detected LanguageFrench
Typethesis, thèse
Formatapplication/pdf

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