La démarche de Pierre Bergounioux, écrivain français contemporain (1949-), témoigne d'une obsession: dire d'où vient ce « je » qui parle, sent et voit; retrouver d'où lui vient cette manière de dire, de sentir, de voir; comme s'il s'agissait chaque fois d'inventer la mémoire du commencement. Cette écriture parait se structurer à partir de failles qui correspondent manifestement à l'origine, zones d'« ombre », angles morts, points aveugles où un réel échappe, demeure en reste de la symbolisation, du langage. Ces rouages de l'écriture construiraient et constitueraient le sujet de l'énonciation tout en témoignant de son surgissement. Afin de porter au jour ce sujet, ce mémoire s'intéresse aux dispositifs de la représentation: Il s'agit de se mettre à l'écoute non pas de ce que les textes disent, mais de ce qu'ils font. Dans la première partie intitulée Mémoire de l'origine, les phénomènes particuliers, les figures ainsi que les motifs récurrents ont été repérés en suivant l'ordre de leur surgissement dans chacun des trois textes à l'étude: La Bête faramineuse (1986), Le Chevron (1996) et Le Premier mot (2001). L'analyse des modes d'articulation des deux deuils présentés dans La Bête... -deuils d'un aïeul et de l'innocence -, a contribué à la mise en évidence du travail de l'imaginaire. Par la suite, la structure particulière du Chevron a permis de voir que l'écriture de Bergounioux est aux prises avec un désir de dire l'origine dont la satisfaction est à la fois nécessaire et impossible, créant une dynamique inépuisable à l'image de celle relative au paysage décrit dans le récit. Enfin, dans Le Premier mot, nous nous sommes intéressés aux effets suscités par la volonté de s'arracher aux déterminismes inhérents à la condition du sujet d'emblée soumis à l'image et au désir d'un autre qui le précède. Les trois ouvrages mettent donc de l'avant un sujet principalement travaillé, voire déterminé par l'imaginaire (La Bête... ), l'espace géographique (Le Chevron) et les ancêtres, les parents (Le Premier mot). L'analyse de ce sujet toujours déjà étranger à lui-même, subordonné aux lois d'un curieux désir qui l'inscrit dans une lignée et l'arrime à l'espèce a permis de dégager des similitudes avec certains phénomènes observés par Freud puis Lacan et qui régissent la vie psychique de l'être parlant. Ces caractéristiques témoignent dirait-on d'un corps particulier qui se trouve construit par et dans l'écriture. Dans la deuxième partie intitulée La trace, ce mémoire cherche à révéler les rouages de ce corps d'écriture, corps invisible, étranger et soumis aux lois du langage, du désir et du temps. Chacun des ouvrages étudiés présente une énonciation qui joue à sa façon de l'inscription temporelle du sujet. Puisqu'il se trouve stratifié, le temps qui s'inscrit dans la conscience donne lieu à des effets particuliers. Par exemple, le travail de mémoire de cette écriture s'accompagne de motifs récurrents, ainsi que de métaphores redondantes qui créent une espèce d'orbite autour de ce qui cherche à se dire. Il nous a semblé que cette dynamique de répétition s'inscrit à la place d'une trace suscitée par l'absence radicale correspondant à l'origine qui, à la fois irréductible et immémoriale, instaure une béance au coeur du sujet. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Pierre Bergounioux, Mémoire, Origine, Langage, Désir, Psychanalyse, Énonciation, Temps, Trace mnésique.
Identifer | oai:union.ndltd.org:LACETR/oai:collectionscanada.gc.ca:QMUQ.2552 |
Date | January 2009 |
Creators | Fortin, Mylène |
Source Sets | Library and Archives Canada ETDs Repository / Centre d'archives des thèses électroniques de Bibliothèque et Archives Canada |
Detected Language | French |
Type | Mémoire accepté, NonPeerReviewed |
Format | application/pdf |
Relation | http://www.archipel.uqam.ca/2552/ |
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