Dans les dernières décennies du XVIe siècle, s’épanouit une histoire « à hauteur d’homme », du fait de son objet et du fait des limites qu’elle se donne à elle-même. Les usages de la fortune contribuent au développement de cette pratique d’écriture qui se veut séculière et manifeste un intérêt pour les réalités humaines, mais dans laquelle la volonté divine est nettement prise en considération. Un prologue permet de définir la fortune comme un lieu commun et comme un objet polémique dans le contexte d’une crise politique et religieuse. L’étude s’attache ensuite à un corpus d’ouvrages d’histoire (Le Roy, La Popelinière, Belleforest…) et de Mémoires (Marguerite de Valois, Henri de Mesmes, Monluc…), rédigés ou publiés entre 1560 et 1600. Elle montre comment les usages du terme fortune permettent de penser l’adversité (I), de concevoir l’action (II) et de s’approprier le passé (III). Elle s’intéresse à la manière dont est élaborée la structure du récit, dont est construite une stratégie argumentative qui permet la valorisation d’une identité nobiliaire ou d’un parcours politique et militaire, et dont sont conférées aux faits passés une portée édifiante ou une valeur pratique. La fortune ne constitue pas un moteur de l’histoire comme somme d’événements, mais peut être un outil de l’écriture de l’histoire qui permet de désigner et de penser les rapports de l’homme à ce qui lui est extérieur (l’action d’autrui, les circonstances), ce qui lui échappe (l’action divine, l’action royale) mais aussi à ses propres failles et à ses propres capacités. / During the last decades of the XVIth century, a history flourishes « at human size », for its object and for the limits it gives itself. Uses of fortune contribute to the development of a writing which wants to be secular and shows interest for human realities, yet in which the divine will is strongly taken into consideration. The prologue defines fortune as a commonplace and as a polemical object in the context of a political and religious crisis. Then the study analyses a corpus of history books (Le Roy, La Popelinière, Belleforest…) and Memoirs (Marguerite de Valois, Henri de Mesmes, Monluc…) which are written or published between 1560 and 1600. It demonstrates how uses of the word fortune allow to think adversity (I), to understand action (II) and to take ownership of the past (III). This dissertation is interested in the elaboration of the narrative structure, in the construction of an argumentative strategy which gives value to a noble identity or a political and military experience, and in the way facts are given an edifying or a pratical significance. Fortune is not a driver of history as sum of events, but can be a tool to write history, to name and to think the relation of man to what is external to him (someone else’s action, circumstances) and out of range (divine action, royal action), but also to his own flaws and capabilities.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2018USPCA098 |
Date | 10 November 2018 |
Creators | Viaud, Alicia |
Contributors | Sorbonne Paris Cité, Magnien, Michel |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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