La difficulté de lecture de Una meditación a été soulignée tant par la critique que par Juan Benet lui-même. Ce travail essaie de caractériser cette difficulté et, par ce biais, la spécificité de l’expérience de lecture du roman de Benet. Notre étude s’appuie sur la psycholinguistique de la compréhension des textes, qui nous permet de définir la norme de lisibilité implicite par rapport à laquelle Una meditación est jugé « difficile ». Nous étudions les deux aspects qui, par rapport à cette norme, constituent les principales sources de difficulté du texte bénétien : la disposition de la matière romanesque (au niveau du récit et de la phrase) et le système de référenciation des personnages. Sur le plan de la disposition, le récit et – à son échelle – la phrase se caractérisent par une forte discontinuité pourtant dissimulée, par un développement temporel de forme spirale, et par le brouillage des relations hiérarchiques entre les événements. Sur le plan de la référenciation, la notion de nom du personnage perd son sens traditionnel, car les noms sont peu employés, ambigus, multiples, ou inexistants ; mais c’est surtout l’omniprésence de la référenciation pronominale qui déroute le lecteur en lui exigeant implicitement de ne pas oublier un seul détail du texte. Nous analysons aussi la figure du narrateur et nuançons une lecture courante selon laquelle le texte serait le produit d’une remémoration. Nous concluons que la « difficulté » de Una meditación semble être au service d’une écriture qui, à travers l’indifférenciation des personnages et des histoires, dépasse la fiction et vise un portait générique de la nature humaine. / The difficult nature of Una meditación has been highlighted by both scholars and Juan Benet himself. This dissertation characterizes such a text complexity and thereby the singularity of the reading experience of Benet’s novel. Our work relies on the psycholinguistics of reading comprehension. This framework allows us to achieve a definition of standard readability to which Una meditación is implicitly compared when judged as “difficult”. We study the two features that revealed to be the main sources of reading difficulty in Benet’s text: the narrative and sentence structures, and the particular system of reference to the characters. At the level of the text structure, the narration and—at its own scale—the sentence are characterized by a strong discontinuity, however concealed; by a spiral temporal development; and by the scrambling of the hierarchy of the fictional events. At the level of character reference, the notion of name of the character loses its traditional meaning. Names are barely used or these are ambiguous, multiple, or inexistent. However it is above all the omnipresence of the pronominal reference that disconcerts the reader, implicitly imposing memorizing every detail of the text. We also analyze the figure of the narrator, and criticize a common reading of Benet’s novel in which the text is the produce of a recollection. We conclude that the “difficulty” of Una meditación is the result of a writing that, by means of the indiscernibility of the characters and their stories, goes beyond literary fiction and aims at a generic portrait of human nature.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2013PA100167 |
Date | 06 December 2013 |
Creators | Martínez Duró, Manuel |
Contributors | Paris 10, Darbord, Bernard, Bravo, Federico |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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