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Comprendre les conflits dits "ethniques" : le conflit sénégalo-mauritanien de 1989

Le 9 avril 1989, une querelle relative à l'empiètement du bétail sur les cultures à la frontière sénégalo-mauritanienne, a dégénéré pour enflammer les populations des deux capitales - Dakar et Nouakchott - en quelques jours. Le bilan de la crise : 250 000 rapatriés/déplacés, des centaines de morts et de blessés dont plus de 800 Sénégalais et Négro-africains tués en Mauritanie, des dizaines de milliers de boutiques de Maures pillées et détruites au Sénégal. La crise sénégalo-mauritanienne soulève toute une série d'interrogations, la première étant de comprendre comment des populations ayant partagé leur quotidien dans une paix relative durant plusieurs décennies, en viennent à de telles extrémités. Si certains ont évoqué un passé entaché de violence, d'autres ont voulu rappeler que l'histoire commune des Maures et des Négro-africains est aussi caractérisée par la coopération. En filigrane, plusieurs blâment l'instrumentalisation de l'ethnicité à des fins politiques et économiques. Soit, mais la question fondamentale qui demeure est : pourquoi ces conflits « ethniques » en Afrique, alors qu'en France, comme le disait déjà Renan au XIXe siècle, « aucun citoyen français ne sait s'il est burgonde, alain, taïfale, visigoth ». Mais si l'essence d'une nation est « que tous les individus aient beaucoup de choses en commun mais aussi que tous aient oublié bien des choses », force est de constater que les mécanismes de l'oubli semblent opérer moins efficacement dans certains lieux et à certains moments de l'histoire. À partir de l'hypothèse de Stanley J. Tambiah, pour qui la politicisation de l'ethnicité et sa conséquence potentielle, le « conflit ethnique », sont « un produit de l'entrelacement et de la collision de deux processus globaux », à savoir, l'expansion du capitalisme mondial et la construction du système des États-nations, ce travail remonte l'histoire de la région sénégalo-mauritanienne à travers ses périodes charnières, du commerce transsaharien en passant par la conquête et la colonisation, jusqu'à l'époque contemporaine de la construction nationale, pour examiner les effets de ces deux processus sur les groupes en présence. Il en ressort que « l'ethnie » fournit une route alternative, via la politique, pour toucher les richesses que l'économie anémique ne peut offrir à tous. Dans ce système parallèle, « c'est la participation au pouvoir qui donne une emprise sur l'économie beaucoup plus que l'inverse ».
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : conflit ethnique, ethnicité, nationalisme, Sénégal, Mauritanie

Identiferoai:union.ndltd.org:LACETR/oai:collectionscanada.gc.ca:QMUQ.4846
Date07 1900
CreatorsSauriol, Emmanuelle
Source SetsLibrary and Archives Canada ETDs Repository / Centre d'archives des thèses électroniques de Bibliothèque et Archives Canada
Detected LanguageFrench
TypeMémoire accepté, NonPeerReviewed
Formatapplication/pdf
Relationhttp://www.archipel.uqam.ca/4846/

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