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Appréciation de la vie et nouvelles possibilités chez les adolescentes agressées sexuellement selon le niveau de croissance post-traumatique, le temps écoulé depuis l’agression et le niveau de résilience

L’agression sexuelle est considérée comme un trauma qui est associée à de nombreuses conséquences négatives. En partie distincte de la résilience, la croissance post-traumatique est le résultat d’une restructuration cognitive, qui puise sa source dans les ressources de la victime et dans la détresse engendrée par le trauma. C’est à partir de cette lutte contre l’adversité que des conséquences positives peuvent émerger. C’est un phénomène très peu étudié scientifiquement chez les adolescentes, particulièrement lorsque cette population est victime d’agression sexuelle. Selon leur modèle théorique, Tedeschi et Calhoun (1996, 2004) identifient cinq dimensions de la croissance post-traumatique: les forces personnelles, les nouvelles possibilités, la relation avec les autres, l’appréciation de la vie et le changement spirituel.

Comme l’adolescence est une période empreinte de vulnérabilité et d’enjeux majeurs, nous croyons qu’il est pertinent d’explorer la façon dont ces adolescentes victimes d’AS vivent leur moment présent et se projettent dans l’avenir. Ainsi, nous avons retenu deux dimensions de la croissance post-traumatique, que sont l’appréciation de la vie et les nouvelles possibilités, afin de décrire les différentes manifestations de ces dimensions que peuvent expérimenter les adolescentes. Le temps écoulé depuis l’agression sexuelle semble aussi être une variable importante à considérer lorsqu’il est question de croissance post-traumatique.

Les objectifs de cette étude sont de décrire les manifestations de la croissance chez les adolescentes victimes d’agression sexuelle sévère pour les deux dimensions qui sont l’appréciation de la vie et les nouvelles possibilités et d’explorer les différences sur le plan des manifestations de la croissance post-traumatique chez ces adolescentes sur ces mêmes dimensions selon différents niveaux de croissance, le temps écoulé depuis la fin de l’agression sexuelle et le niveau de résilience.

Pour répondre à ces objectifs, ce sont 40 adolescentes victimes d’agression sexuelle sévère, provenant de 2 centres jeunesse du Québec, qui ont participé à cette étude. Un questionnaire sociodémographique ainsi que le Sexual Abuse Rating Scale (Friedrich, 1992) ont permis d’obtenir des données sur les participantes et leur agression. Elles ont passé une entrevue semi-dirigée: le Multidimensional Trauma Recovery and Resiliency Interview (Harvey, Westen, Lebowitz, Saunders et Harney, 1995). Une cotation de certains items de l’entrevue a permis d’évaluer le niveau de résilience. Afin de ressortir les manifestations de croissance des deux dimensions retenues, des extraits d’entrevue ont été ciblés. À l’aide d’une analyse thématique qualitative (Paillé et Mucchielli, 2012), différentes manifestations de croissance post-traumatique ont été ressorties de façon déductive et inductive suivant le modèle de Tedeschi et Calhoun (1996, 2004).

Les résultats montrent que les adolescentes victimes d’agression sexuelle peuvent réellement expérimenter de la croissance post-traumatique. Elles ont plus de faciliter à aborder la dimension d’appréciation de la vie que celle des nouvelles possibilités. De plus, certaines particularités spécifiques aux adolescentes victimes d’agression sexuelle sévères sont ressorties, comme le fait qu’elles n’abordent pas la manifestation des nouveaux intérêts. De plus, deux manifestations viennent enrichir le modèle théorique initial de la CPT soit: a) entretenir des projets et une vision positive de l’avenir, b) prise de conscience/compréhension de la vie. Par ailleurs, il n’y a pas de différence notable concernant la croissance post-traumatique selon que le temps écoulé depuis l’agression sexuelle est faible ou élevé. Enfin, la résilience et la croissance post-traumatique partagent effectivement certaines similitudes, car elles ont tendance à évoluer dans le même sens.

Bien que le développement de la croissance post-traumatique demeure un objectif d’intervention, ce ne sont pas toutes les personnes qui y parviennent. Lorsqu’il est question de croissance post-traumatique auprès d’une population d’adolescentes, il est pertinent de considérer leur niveau de maturité et de respecter leur rythme. Une intervention précoce et adaptée peut influencer l’impact des événements. Il est donc important de soutenir l’adolescente vers la restructuration cognitive en tenant compte de ses capacités.

Identiferoai:union.ndltd.org:usherbrooke.ca/oai:savoirs.usherbrooke.ca:11143/10483
Date January 2017
CreatorsGiguère, Mélanie
ContributorsPaquette, Geneviève
PublisherUniversité de Sherbrooke
Source SetsUniversité de Sherbrooke
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeMémoire
Rights© Mélanie Giguère, Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale - Partage dans les Mêmes Conditions 2.5 Canada, http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/2.5/ca/

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