L'art ouvre des portes, permet de saisir l'air du temps, de mettre des mots, couleurs, images, gestes sur ce qui est parfois difficile à saisir. Il est des cas où l'art peut véritablement agir comme un révélateur d'une certaine réalité sociopolitique. Au Québec, le milieu socioculturel a un énorme impact sur les différents récits identitaires articulés autant dans le politique, mais aussi dans les médias et évidemment au sein des arts et de la culture. Saisir le politique par l'art peut donc sembler être une voie marginale mais nous croyons que cette voie est essentielle pour analyser ce que nous qualifions être une transformation du récit identitaire au Québec. Par récit identitaire, terme que nous empruntons à Jocelyn Maclure dans son livre du même titre, nous englobons une réalité plus large que ce que peut contenir le concept d'identité, car si le questionnement identitaire est bien à l'oeuvre au niveau sociopolitique, les réalités identitaires contemporaines sont aujourd'hui beaucoup plus floues et peuvent même varier selon les besoins du sujet, particulièrement en cette ère postmoderne.
Nous nous pencherons ici davantage sur deux champs de la pratique artistique québécoise, soit les arts visuels et plus partiellement sur la littérature. Nous émettons l'hypothèse que certaines manifestations dont témoignent ces deux champs artistiques ont laissé présager d'une transformation du récit identitaire au Québec et ce, bien avant que celle-ci ne devienne perceptible au plan politique. L'actuelle « crise » identitaire perceptible au niveau politique peut ainsi être comprise comme le deuxième acte d'une histoire en deux temps de cette transformation du récit identitaire dont le premier acte s'est joué dans les arts et la culture. Le récit identitaire est passé d'un pôle ethniciste, nationaliste et indépendantiste -particulièrement incarné dans les différents courants artistiques, avant-gardistes et même au niveau de la culture populaire -pour se déplacer, ou se réarticuler, vers un pôle civique et valorisant le métissage culturel. Notre démarche sera donc de démontrer que l'art et la culture ont été parties prenantes de la transformation du récit identitaire québécois, passant du récit de l'émancipation nationale à celui de la citoyenneté, du métissage culturel et de l'hybridation identitaire. Nous avons choisi de situer notre démarche dans le cadre théorique de la pensée postmodeme avec les thèses de certains auteurs ayant contribué à la recherche sur la postmodemité ; Michel Maffesoli, Gianni Vattimo, Jean-François Lyotard et Umberto Eco. Nous croyons que certaines idées que nous leur empruntons peuvent nous permettre de mieux comprendre le devenir du récit identitaire et l'analyser aussi bien sur le plan des arts et de la culture que sur celui du politique, notamment les notions de métissage, de la tribalisation du monde, de la fin des métarécits, de la transfiguration du politique et de l'oeuvre ouverte. Dans la question de l'identité québécoise, cette approche se veut un apport de fragmentation, d'identités plurielles. Et dans le cas qui nous occupe plus particulièrement, l'analyse de la transformation du récit identitaire par la voie des arts et de la culture, l'approche postmodeme a le mérite de créer un pont avec la notion d'esthétique, mais aussi dans les sphères sociales et politiques et de rendre ainsi compte d'une impasse qu'il y a à clairement définir l'identité collective. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Identité, Art et politique, Québec contemporain, Postmodernité.
Identifer | oai:union.ndltd.org:LACETR/oai:collectionscanada.gc.ca:QMUQ.1780 |
Date | January 2009 |
Creators | Thériault, Anne |
Source Sets | Library and Archives Canada ETDs Repository / Centre d'archives des thèses électroniques de Bibliothèque et Archives Canada |
Detected Language | French |
Type | Mémoire accepté, PeerReviewed |
Format | application/pdf |
Relation | http://www.archipel.uqam.ca/1780/ |
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