Issue d'une enquête ethnographique menée de 2009 à 2015 auprès d'un groupe " Transpédégouine " (" TPG "), cette thèse s'intéresse aux conditions (sociales, genrées, sexuelles) et aux effets socio-biographiques de l'engagement " gouine " au sein de ce collectif. Elle s'attache d'abord à retracer les trajectoires biographiques et les expériences socialisatrices de ces femmes homosexuelles depuis leur enfance jusqu'à leur entrée dans le groupe " TPG ", en analysant leurs socialisations de genre enfantines, leurs parcours scolaires, leurs socialisations sexuelles, et leurs politisation féministe et homosexuelle. Tout en étudiant les conditions sociales de la construction de l'homosexualité féminine, elle fait apparaître le processus de co-détermination de classe, de genre et de sexualité dans la politisation et l'engagement des " gouines ". Ce travail explore ensuite la socialisation " TPG " en restituant les modes d'appropriation différenciés des logiques et des normes du groupe au regard des socialisations passées et des positions actuelles des " gouines ". Loin de se cantonner aux activités strictement militantes, l'étude de cette socialisation groupale se porte également sur un ensemble de pratiques généralement rattachées aux domaines du privé et de l'intime (l'habitat, l'alimentation, l'hygiène, la sexualité, les relations amicales et affectives) faisant alors apparaître des modes de politisation " par le bas " et des formes de contestation ordinaires de l'ordre de genre et de sexualité, éloignées des formes légitimes de participation politique. Cette recherche s'intéresse enfin aux impacts de cet engagement sur les trajectoires biographiques. Au delà des possibilités de réhabiliter les corps genrés et de s'investir dans un mode de sexualité " gouine " spécifique, l'engagement dans le groupe permet de limiter les effets de la précarisation économique. A travers des pratiques groupales de " débrouille " et de solidarité communautaire, le groupe " TPG " fonctionne en effet comme un cadre de préservation matérielle et de valorisation de son existence. Il permet également aux " gouines " d'ennoblir les décalages entre des situations de déclassement (professionnel et économique) et des expériences de mobilité culturelle ascendante (permises par la réussite scolaire et leur engagement militant), et représente ainsi un support de reclassement symbolique. A travers la restitution d'un matériau dense, le dévoilement de pratiques quotidiennes et le récit d'expériences individuelles et collectives qui jalonnent les trajectoires, cette thèse cherche plus largement à comprendre les ressorts de cet entre-soi sexuel minoritaire et contestataire, et les possibilités de se maintenir dans certaines marges de l'espace social. / Resulting from an ethnographic survey carried out from 2009 to 2015 with a "Transpédégouine" ("TPG") group, this thesis is interested in the conditions (social, gendered, sexual) and in the socio-biographical effects of the "dyke" engagement within this collective. Firstly, it seeks to recall the biographical trajectories and socializing experiences of "dykes" from childhood until they enter the group "TPG", analyzing their gender socialization as children, their school careers, their sexual socialization and their feminist and homosexual politicization. While studying the social conditions of the construction of female homosexuality, it shows the class, gender and sexuality co-determination process in the politicization and engagement of "dykes." This work explores then the "TPG" socialization by restoring the modes of appropriation differentiated from the logics and the standards of the group taking into consideration historical socialization and current position of the "dykes". Far from being confined to strictly militant activities, the study of this groupal socialization also includes a set of practices generally related to the fields of the private and intimate (housing, food, hygiene, sexuality, friendship and emotional relationships) then revealing modes of politization "from the bottom" and specific forms of protest of the sexual and gender order, remote from legitimate forms of political participation. This research is finally interested in the impacts of this engagement on biographical trajectories. Beyond the possibilities of rehabilitating the gendered body and investing in a specific "dyke" mode of sexuality, engagement in the group limits the effects of economic precarisation. Through groupal practices of "getting by" and community solidarity, the "TPG" group functions indeed as a framework of material preservation and enhancement of its existence. It also allows the "dykes" to ennoble the shifts between downgrading situations (professional and economic) and experiences of ascending cultural mobility (permitted by academic achievement and activism), and thus represents a symbolic reclassification support. Through the restitution of a dense material, the unveiling of daily practices and the account of individual and collective experiences that mark the trajectories, this thesis seeks to understand more broadly the springs of this sexual minority and dissident social grouping, and the possibilities of maintaining oneself in certain margins of the social space.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2015TOU30387 |
Date | 17 November 2015 |
Creators | Nicaise, Sarah |
Contributors | Toulouse 3, Mennesson, Christine |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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