Le dix-huitième siècle est une période propice à l’essor du débat sur la prostitution à Londres.Parce que la politique répressive des autorités se révèle défaillante dans son combat en la matière, un grand débat se fait jour dès le milieu du siècle, dans l’espoir de trouver des recours plus adaptés à l’ampleur du phénomène. Cette thèse est consacrée à l’analyse chronologique de ce débat qui adopte, au fil de son évolution, une dynamique complexe. Créé à Londres en 1758, le Magdalen Hospital devient la première maison de charité pour prostituées repenties en Angleterre. Il est la concrétisation d’une vigoureuse croisade humanitaire menée par des réformateurs philanthropes, afin de porter secours aux nombreuses filles publiques de la ville. Soutenue par le discours sentimental, une politique de »victimisation » à l’égard de la prostituée est mise en place, avec des répercussions majeures sur son image : celle-ci a subi le « crime » de séduction, et c’est par nécessité économique,non par choix, qu’elle se prostitue. À partir des années 1780, on constate néanmoins un tournant sensible dans le débat. Le discours philanthropique semble s’essouffler et présage le retour d’une pensée plus radicale : celle qui rappelle le crime de la prostitution. Dans un contexte social agité, ce commerce est devenu un « mal national » auquel il faut s’attaquer avec plus de fermeté. Par-dessus tout, ce sont deux discours habituellement opposés, celui delà charité et celui de la répression, qui, au tournant du siècle, collaborent peu à peu afin de combattre le « fléau ». / The eighteenth century witnessed an intensifying debate on prostitution in London. Asrepressive state policies became a less effective counter to the burgeoning sex trade, agrowing debate starting in the middle of the century sought a more coherent response. Thisthesis offers a chronological analysis of the debate, which took on a complex dynamic overthe course of its development. Founded in London in 1758, the Magdalen Hospital becamethe first charity house in England for repentant prostitutes. It represented the concretization ofa vigorous humanitarian crusade spurred on by philanthropist reformers hoping to help thecity’s many « streetwalkers ». A new policy, rooted in sentimentalist discourse, whichmaintained the « victimization » of the prostitute, had major repercussions on her image: theprostitute was seen to have been subjected to the crime of « seduction », and it was financialnecessity, not choice, which had led her to prostitution. The 1780s, however, brought about anoticeable shift in the debate. As the philanthropic discourse ran out of steam, it presaged thereturn of a more radical line of thought, which evoked the « crime » of prostitution. At a timeof social turbulence, prostitution increasingly became seen as a « national evil », which neededto be attacked with greater firmness. Above all, it was these two normally opposed lines ofthought – that of charity and that of repression – which, at the turn of the century, tentativelyworked together to put an end to the « scourge » of prostitution.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2011PA030096 |
Date | 06 October 2011 |
Creators | Bernos, Marlène |
Contributors | Paris 3, Halimi, Suzy |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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