Penser l’écriture par rapport à l’histoire c’est mettre en relation deux moments importants de l’activité. On peut considérer que ce qui est écrit, c’est ce qui reste, c’est-à-dire jugé digne d’être transmis. Il en va ainsi des événements historiques qui grâce à l’écriture sont transmis de génération en génération. L’écriture est ainsi une trace, une mémoire de l’histoire. Toutefois, l’histoire semble s’opposer à l’écriture littéraire. Car il est généralement admis qu’on ne trouve guère dans les œuvres littéraires que ce qui s´oppose à la réalité et ce point de vue relèverait de l’imaginaire voire de la simulation. Cette approche du texte littéraire se trouve désormais quelque peu ébranlée, si l’on intègre les témoignages, les biographies, notamment les témoignages de survivants de génocide et même ceux des « assassins ».Cette question est d’autant plus présente que ces dernières décennies on assiste à l’émergence dans le débat critique d’une question, que la poétique n’avait jamais explicitée en tant que telle : celle des frontières de la fiction. Toutes choses qui ont permis de repenser la poétique de l’œuvre littéraire fondée comme l’indique les organisateurs d’un colloque en ligne « sur une prescription de distanciation et de subordination du réel concret ou factuel au profit de la fiction ». Il apparaît donc que c’est dans le déploiement même du texte que la difficulté à définir le statut du texte se dévoile dans toute sa complexité. Loin des approches structuralistes du milieu du XXe siècle qui concevaient encore le texte comme un système de relations clos sur lui-même, la critique contemporaine pense le texte dans son rapport avec le hors texte. Ainsi, on redécouvre la nécessité non seulement d’inclure les sciences humaines dans le travail critique mais aussi de lire les faits historiques et sociologiques à partir du texte littéraire. Comment concilier histoire et écriture ?Ce questionnement général s’applique également à toutes les littératures, notamment aux textes sur le génocide rwandais. Ici se pose identiquement la question de la mise en écriture d’une page tragique de l’Histoire. Comment dire sans totalement sublimer le factuel ? Le langage est-il apte à saisir les horreurs de ce génocide, comment écrire ? Telles sont en quelques mots les questions que pose cette littérature. Dans cette perspective Jean Hatzfeld se présente comme enquêteur qui transmet les résultats d’une profonde expérience sur le génocide du Rwanda. Son texte Une Saison de machettes : La parole des assassins, le deuxième récit d’une trilogie consacrée au génocide Rwandais, révèle un processus de reconstitution des traces de l’histoire à travers le témoignage presque naturel de Hutus ayant participés aux massacre des Tutsi. La particularité de ce texte est la mise en discours du récit des bourreaux. C’est-à-dire ceux-là qui ont pleinement participé aux massacres humains en tant qu’acteurs, meneurs de troupes. Il s’agit pour l’auteur de faire parler des personnes qui ont fait l’expérience du pouvoir de vie ou de mort sur leur semblable. Ici, l’homme est d’abord perçu selon la formule de Thomas Hobbes comme un ‘‘loup pour l’homme.’’ Le voisin ou l’ami d’enfance qui devient cet être diabolique capable des pires atrocités.Nous allons orienter notre analyse vers trois principaux axes de recherche que sont : l’étude du texte, celui du contexte et du métatexte. / To look at writing in relation to history is to link two important moments of the activity. It might be considered that what is written is that which lasts, that is, worthy of being transmitted. It goes the same with historical events which are transmitted through writing from generation to generation. Writing is thus a sign, a memory of history. However, history seems to be opposed to literary writing. It is a common opinion that only the things which are opposed to reality are found in literary works and this idea comes close to being an imagination or even a simulation. This literary text approach is henceforth a little bit rattled if testimonies and biographies are included, especially the testimonies of the genocide survivors and not to say those of the “killers”.This general questioning equally applies to all literatures, notably to the texts about the Rwandan genocide. The issue of the putting down in writing of a tragic page of History identically arises here. How to tell without transcending the factual? Is language capable of grasping the horrors of this genocide, how should one write? These are in few words the issues addressed in this literature. In this regard, Jean Hatzfeld presents himself as an investigator who passes down the results of a profound experience about the Rwandan genocide. His book “Machete Season: The Killers in Rwanda Speak”, a second narrative of a trilogy concerning the Rwandan genocide, reveals a process of reconstituting the traces of history through an almost natural testimony by the Hutus who took part in the massacre of the Tutsi. What makes this text unusual is the setting down in terms of discourse of the executioners’ narrative. That is, those who fully took part in the massacre of humans as actors and troop leaders. To the author, it is a question of getting people to speak, who had the power of life or of death over their fellow. Man is seen here by Thomas Hobbes formula as “a wolf to man”. The neighbour or childhood friend becomes that diabolic being capable of the worst atrocities.Our analysis will be focussed on the following three main aspects: text, context and metatext studies.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2016CERG0837 |
Date | 15 December 2016 |
Creators | Mimboui Nguema, Ida Paola |
Contributors | Cergy-Pontoise, Brodziak, Sylvie |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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