La recherche entreprise dans le cadre de cette thèse doctorale se veut une réflexion sur le travail des enseignantes et des aides-enseignantes d’une école primaire de langue galloise, à Cardiff, capitale du pays de Galles. Ce travail apparait marqué par des rapports de force entre la langue majoritaire (anglais) et la langue minoritaire (gallois), et s’inscrit dans un contexte sociétal de revendication et de reconnaissance de la langue en situation diglossique. Par l’entremise d’observations consignées dans un journal de bord réflexif et d’entretiens semi-dirigés, j’explore la façon dont ces membres du personnel de l’école contribuent à la (re)production de la langue et de la culture galloises. Plus précisément, j’appréhende leur travail au regard de deux dimensions de cette (re)production linguistique et culturelle, soit : les politiques linguistiques éducatives et la culture de l’école. Les résultats de cette enquête ethnographique, présentés dans le cadre d’articles scientifiques, mettent en évidence les voix et les perspectives des aides-enseignantes et enseignantes, encore trop peu présentes dans les travaux de recherche sur l’éducation en gallois.
Le premier article vise à démontrer que le travail des enseignantes et des aides-enseignantes s’inscrit dans un processus dynamique de mise en oeuvre des politiques linguistiques éducatives. De fait, celles-ci sont en mesure d’adopter, de résister, de négocier, voire même de créer ces politiques au sein de l’école ou de la salle de classe. Leurs discours et leurs pratiques montrent qu’elles se questionnent quant à la place à accorder à la langue majoritaire, et qu’elles sont parfois à la recherche de compromis visant à mitiger les effets néfastes perçus à l’égard d’un règlement scolaire qui interdit l’usage de l’anglais. Le deuxième article de cette thèse explore la notion de la culture de l’école. Compte tenu de la prévalence de la langue anglaise à Cardiff et dans la plupart des foyers des élèves qui fréquentent cette école, les enseignantes et aides-enseignantes réalisent un important travail de valorisation de la langue et de la culture galloises. En s’appropriant la mission de l’école et en perpétuant des traditions et rituels, elles contribuent à façonner la culture de l’école d’une manière qui permet aux élèves d’évoluer dans un cadre à la fois communautaire et familial, ancré dans la langue et la culture galloises. Enfin, par l’entremise du troisième article, l’ensemble des données de cette étude sont mises en relation avec mon parcours de chercheure franco-ontarienne, confrontée aux défis de l’apprentissage d’une langue et de l’ethnographie en milieu non familier. Je pose un regard critique sur mon positionnement d’Insider/Outsider en exposant tant les aspects qui provoquent un rapprochement au terrain que ceux qui entraînent une distance avec celui-ci. Il s’agit, entre autres, d’un aller-retour entre ma familiarité avec le contexte sociétal de la langue au pays de Galles, qui s’apparente à celui de l’Ontario français, et le sentiment d’éloignement provoqué par mon immersion dans un milieu scolaire entièrement gallois.
Cette ethnographie se veut à la fois une enquête sur le rôle des enseignantes et des aides-enseignantes dans la (re)production de la langue et de la culture galloises, et un examen de ce que signifie mener une ethnographie dans un contexte linguistique minoritaire autre que celui auquel appartient la chercheure.
Identifer | oai:union.ndltd.org:uottawa.ca/oai:ruor.uottawa.ca:10393/40564 |
Date | 28 May 2020 |
Creators | Turner, Karine |
Contributors | Bélanger, Nathalie |
Publisher | Université d'Ottawa / University of Ottawa |
Source Sets | Université d’Ottawa |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Thesis |
Format | application/pdf |
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