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Faire sa jeunesse dans les rues de Ouagadougou : ethnographie du bakoro (Burkina Faso) / « Coming of Age » in the Streets of Ouagadougou : ethnography of the Bakoro (Burkina Faso)

Cette thèse porte sur les bakoroman, ces enfants et jeunes adultes qui vivent et dorment dans les rues de la capitale du Burkina Faso. Par le vol, la mendicité et les petits boulots, les bakoroman s’insèrent dans différentes niches de l’économie urbaine qui assurent leur survie au quotidien, l’accès à de nombreux loisirs et la possibilité d’envoyer occasionnellement de l’argent à leurs parents. Après deux ans d’observations ethnographiques, d’entretiens biographiques et de travaux quantitatifs auprès de bakoroman, d’anciens bakoroman et de leurs familles, je démontre que ce mode de vie erratique ne peut être interprété à priori comme un marqueur de désaffiliation du fait que la mobilité juvénile constitue localement une forme tolérée d’individualisation temporaire. Ainsi les bakoroman se présentent-ils comme de simples aventuriers « à la recherche de l’argent ». Leur position souvent fragile au sein de leur lignage d’origine, aggravée par un mode de vie désormais marqué par l’illégalité et la déviance, rend cependant invraisemblable la possibilité de ce retour réussi qui transformerait leur départ souvent chaotique en une expérience d’affirmation individuelle. Lorsqu’ils atteignent finalement l’âge de s’établir, les bakoroman comprennent que la conquête d’un statut valorisé ne passe pas par l’argent éphémère du bakoro mais par la capacité à soutenir durablement leur lignage, à inscrire leur propre « nom » dans sa généalogie et à assurer ainsi la perpétuation générationnelle. / This dissertation addresses the bakoroman, the street children and youth who live and sleep in the streets of the capital of Burkina Faso. Through theft, begging and petty jobs, the bakoroman participate in different niches of the urban economy that ensure their everyday survival, their access to various leisure activities and the possibility of sending occasional money to their parents. After two years of ethnographic observations, biographical interviews and quantitative data collection with the bakoroman, former bakoroman, and their families, I demonstrate that this erratic way of life should not automatically be interpreted as a marker of disaffiliation. Instead, juvenile mobility is considered as a normal form of temporary individualization in the local context. The bakoroman indeed describe themselves as young adventurers “in search of money”. But because of their usually fragile position in their lineage of origin, now exacerbated by a way of life shaped by illegality and deviance, the possibility of a brilliant return that would transform their often chaotic departures into an experience of personal affirmation appears unlikely. When they finally reach the age in which they are expected to settle down, they start to understand that a higher status is not obtained through the ephemeral money of bakoro but through the capacity to provide for their lineage, to inscribe their “own name” in its genealogy and to guarantee the generational perpetuation.

Identiferoai:union.ndltd.org:theses.fr/2016PA100076
Date10 October 2016
CreatorsChampy, Muriel
ContributorsParis 10, Peatrik, Anne-Marie
Source SetsDépôt national des thèses électroniques françaises
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeElectronic Thesis or Dissertation, Text

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