Contexte. Un nombre important de patients souffrant de troubles mentaux reçoivent des soins ambulatoires insuffisants ou inadéquats, les conduisant à visiter régulièrement les urgences. L’accès aux soins et la continuité du suivi offert à ces patients après une visite aux urgences, régulièrement rapportés comme étant faibles, sont des indicateurs clés de la qualité des soins de santé dans une optique de rétablissement. Il semble donc nécessaire d’évaluer l’accès et la continuité du suivi après une visite aux urgences pour ces patients, d’en cerner les déterminants ainsi que les profils de patients les plus susceptibles d’en bénéficier. De plus, pour renforcer l’amélioration de l’organisation des services en santé mentale à partir des urgences pour ces patients, il serait pertinent de développer des interventions innovantes à la lumière d’une meilleure connaissance des conditions qui en facilitent ou limitent l’implantation et l’efficacité.
Objectifs et méthodes. Cette étude a, dans un premier temps, utilisé des données extraites de bases de données administratives de patients ayant visité les urgences au Québec (Canada) en 2014-2015 (visite index) et ayant un trouble mental. Les caractéristiques cliniques et sociodémographiques des patients de 2012-2013 à 2014-2015 ainsi que l’utilisation des services 12 mois avant la visite index ont été étudiées en tant que déterminants pour les patients avec ou sans suivi rapide, et ce, à l’aide d’une régression logistique hiérarchique. Une analyse de classes latentes a également été réalisée pour identifier les profils des patients en fonction du suivi ambulatoire qu’ils ont reçu après leur visite à l’urgence. Des analyses bivariées ont examiné les associations entre les variables sociodémographiques et cliniques, les profils des patients ainsi que le suivi ambulatoire que ceux-ci ont reçu après la visite à l’urgence. Plus spécifiquement, notre premier article portait sur l’identification des caractéristiques cliniques, sociodémographiques et d’utilisation des services des patients associées à l’accès à un suivi rapide (≤ 30 jours) pour les patients ayant visité les urgences et ayant un trouble mental.
Dans le deuxième article, il s’agissait d’identifier : les profils des patients ayant un trouble mental incident selon un suivi ambulatoire accessible et continu après une visite aux urgences sur une période de 12 mois (à 30, 90 et 365 jours) ; les variables sociodémographiques et cliniques associées ; et les résultats de santé de ces patients à long terme (24 mois). Par la suite, deux recensions de la littérature ont été menées. Dans le troisième article, une recension narrative des innovations organisationnelles destinées à améliorer la qualité des soins offerts aux patients ayant des troubles de santé mentale et visitant les urgences, en particulier à partir de leurs conditions d’implantation, a été menée. Enfin, pour le quatrième article, nous avons réalisé une recension systématique sur l’efficacité des innovations aux urgences étant destinées à améliorer la qualité des soins offerts aux grands utilisateurs en santé mentale.
Résultats. Moins d’un tiers des patients ayant des troubles mentaux ont expérimenté un accès et une continuité de suivi adéquats après leur visite aux urgences. Globalement, ce sont les patients peu connus du système de santé, ceux avec des troubles liés à l’usage de substances qui connaissent une faible priorité au triage lors de la visite aux urgences, mais aussi les patients plus jeunes, résidant en milieux ruraux et les hommes qui ont été identifiés comme ayant bénéficié d’un accès et d’une continuité du suivi moindres après leur visite aux urgences. L’accès et la continuité du suivi restent donc à être grandement améliorés pour les patients ayant des TM, une population aux besoins importants qui fréquente régulièrement les urgences du Québec.
Conclusions. Malgré de nombreuses réformes, trop peu d’efforts semblent avoir été investis dans les services en santé mentale en regard des besoins des patients et du fait que les urgences restent une porte d’entrée aux soins peu adaptée et très coûteuse pour les patients ayant des TM. De plus, l’organisation actuelle du système répond mieux aux patients déjà desservis par le système, ce qui démontre une capacité réactive ; en revanche, peu d’activités ou d’interventions proactives ont été relevées malgré l’importance du dépistage et de l’intervention précoce. Ce constat est en cohérence avec les dernières priorités ministérielles (PQPTM, 2020 et PAISM, 2022) qui visent à renforcer la prévention-promotion ainsi que certaines interventions, notamment à l’urgence, comme celles liées aux plans de soins et à la gestion de cas. Néanmoins, il sera important de considérer les nombreux défis limitant l’implantation de ces innovations, sans quoi leur efficacité pourrait être limitée. / Context. Some patients with mental disorders receive insufficient or inadequate outpatient care, leading to frequent visits to emergencies. Access to and continuity of follow-up care for these patients after an emergency department visit, regularly reported as poor, is a key indicator of the quality of care they received and ultimately their recovery. It therefore seems necessary to evaluate access and continuity of follow-up care after an emergency department visit for these patients, and to better identify determinants of these quality-of-care indicators and patient profiles most likely to benefit from better care. In addition, to improve the organization of mental health services for these patients in the emergency departments, it would be relevant to develop innovative interventions with a better understanding of the conditions that facilitate or limit their implementation and effectiveness.
Objectives and methods. This study initially used data extracted from administrative databases of patients who visited emergency departments in Quebec (Canada) in 2014-2015 (index visit) and had a mental health disorder. Clinical and sociodemographic characteristics of patients from 2012-2013 to 2014-2015, as well as service utilization 12 months before the index visit, were studied as determinants for patients with and without prompt follow-up care, using hierarchical logistic regression. Latent class analysis was also performed to identify patient profiles based on an outpatient follow-up received after their ED visit. Bivariate analyses examined associations between sociodemographic and clinical variables and each of the patient profiles, as well as the ambulatory follow-up received after the ED visit. Specifically, our first article focused on identifying patient characteristics (clinical, sociodemographic, service utilization) associated with access to prompt follow-up care (≤30 days) for patients after they visited the ED for mental health reasons.
The second article aimed to identify profiles of patients with incident mental disorder based on accessible and continuous ambulatory follow-up care after an ED visit over a 12-month period (at 30, 90, and 365 days), associated sociodemographic and clinical variables, and long-term (24 months) health outcomes for these patients. Subsequently, two literature reviews were conducted. The third article, based on a narrative review, identified organizational innovations designed to improve quality of care for patients visiting emergency departments for mental health reasons, particularly in terms of their implementation. For the fourth article, a systematic review of the effectiveness of innovations in emergency departments to improve quality of care for high users of mental healthcare was conducted.
Results. Less than one third of patients with mental health issues experienced adequate access and continuous follow-up care after their emergency department visit. Overall, patients with little knowledge of the healthcare system, with substance use disorder, experiencing low triage priority at their emergency department visit, but also younger patients, residing in rural areas, and men, were found to experience the least access and continuity of follow-up care after their emergency department visit. Access and continuity of follow-up care therefore remain to be improved for patients with MD, a high-need population that regularly visits Quebec emergency departments.
Conclusions. Despite numerous reforms, insufficient effort seems to have been invested in mental health services compared to the needs of patients and the fact that emergency departments remain an ill-adapted and very costly gateway to care for patients with MD. In addition, the current organization of the system is more responsive to patients already served by the system, demonstrating a reactive capacity. In contrast, few proactive activities or interventions were identified, despite the importance of early detected and deployed interventions in this area. These findings are consistent with the latest Quebec policy orientations (PQPTM, 2020 and PAISM, 2022), which aimed to strengthen prevention and deploy new interventions including in the ED, such as those related to care plans and case management. Nevertheless, it will be important to consider the many persistent implementation challenges, that may limit efficiency of those innovations.
Identifer | oai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/32182 |
Date | 04 1900 |
Creators | Gabet, Morgane |
Contributors | Fleury, Marie-Josée |
Source Sets | Université de Montréal |
Language | fra |
Detected Language | French |
Type | thesis, thèse |
Format | application/pdf |
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