Cette thèse interroge le sens du mythe orphique dans la poésie de six auteurs européens du début du XXe siècle (Valéry, Rilke, Trakl, Apollinaire, Campana, Goll), et le sens de la poésie orphique dans la modernité. En partant du double constat d’une crise de la Weltanschauung signant la désertion de la transcendance et du sens, et d’une crise du langage héritée de Mallarmé, cette thèse définit la poésie orphique comme une tentative de ré-enchantement visant à refonder la place de l’être dans le monde, le sens de la mort et la profondeur ontologique de la poésie. La thèse pose la question de l’unité ou de l’éclatement d’un lyrisme orphique moderne. Elle propose une mise au point historique sur les sources de l’orphisme jusqu’au début du XXe siècle, puis un parcours analysant le passage de la mythologie à des poétiques orphiques parfois opposées dans leur aboutissement (réharmonisation de soi et du monde, catabase sans fin, démembrement du sujet, incarnation par l’orphisme de l’idée d’une poésie parfaitement composée). Cette thèse s’attache aussi à définir l’orphisme dans ses dimensions musicales et picturales, interroge les liens entre orphisme et union des arts, et étudie la langue musicalisée et picturalisée des poètes, ainsi que plusieurs œuvres vocales et plastiques (Honegger, Poulenc, Webern, Weill, Delaunay, Dufy, Klee, De Chirico). Enfin, considérant le mythe selon sa dimension fondatrice d’une manière d’être au monde, cette thèse envisage la poésie orphique du début du XXe siècle comme le signe et le moyen d’un désir de retour à une forme de rapport mythique au monde où l’être, dans le chant, coïnciderait avec le sacré et avec le dicible. / This thesis examines the meaning of the myth of Orpheus in the poetical works of six early twentieth century European poets, and the meaning of Orphic poetry within a context of modernity. Having taken into account a twofold crisis, both of the Weltanschauung – revealing that any sense, or transcendent reference, is missing – and of language (Mallarmé’s legacy), this thesis defines Orphic poetry as an attempt to re-enchant the world, in order to give new roots to the being, a new meaning to death, and a new ground to settle poetry’s ontological depth. The thesis tries to determine if such a lyricism is unique or manifold. It makes a historical mise au point from the sources of Orphism up to the twentieth century; then, it tries to describe the transformation of mythological elements into poetical principles – from which may even have issued contradictory achievements (setting back harmonious links between the world and the self; endless katabasis; dismemberment of the I; Orphic embodiment of a perfect poetry). Our thesis also tries to describe how Orphism is conveyed through music and painting: it questions the link between Orphism and the union of the arts, and studies the poet’s music-like and picture-like language, as well as some vocal or painted works (Honegger, Poulenc, Webern, Weill, Delaunay, Dufy, Klee, De Chirico). At last, as it considers myth as the settling of a new way of being-in-the-world, this thesis pictures early 20th century Orphic poetry both as the symptom and the way of a desire to get back some kind of mythical relationship to the world, in which the being, the sacred and the sayable, through the poetical song, would prove coextensive.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2013PA040213 |
Date | 16 November 2013 |
Creators | Gayraud, Irène |
Contributors | Paris 4, Franco, Bernard |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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