Dans un village du Haut Atlas marocain, une fête abandonnée depuis plus de quinze ans a été renouvelée en 2010, attirant des journalistes, des anthropologues et des associatifs. L’étude du renouvellement de la tradition lors de cette fête, au niveau du discours, du contenu des performances et des interactions sociales, nous permet de réinterroger les modèles théoriques de la fabrication de tradition. Un processus sous-jacent apparaît comme la base de ce renouvellement, la singularisation, une forme particulière de résistance à la culture de l’État-nation ou à toute autre culture hégémonique. La singularisation est présente dans chaque élément de la fête.
Elle définit un certain rapport au passé par lequel celui-ci est un miroir inversé du présent, mis en scène comme objet de perte. Elle définit également le choix culturel entre deux traditions musicales présentes dans la région. Ces mécanismes reposent sur une nouvelle logique spatiale qui résulte des récents changements économiques et politiques au Maroc. Dans cette nouvelle organisation spatiale où le pouvoir se situe en dehors du local, les femmes sont marginalisées et les figures intermédiaires deviennent le centre du renouvellement de la tradition. L’étude de la singularisation permet de mettre en lumière des processus de fabrication de l’identité, de dégager les conditions de survie culturelle d’un groupe, de caractériser le rapport entre un événement culturel et le changement social, et de préciser les modèles théoriques sur la tradition. / In a village of the High Atlas in Morocco, a celebration which has been abandoned for more than fifteen years has been renewed in 2010, bringing along journalists, anthropologists and militant associatives. The study of the renewal of tradition in this celebration, through discourse, performances and social interaction, allows us to put into question the models on the fabrication of tradition. The underlying process of this renewal is singularisation, a specific form of resistance to the nationalist culture or any other cultural hegemony. Singularisation is present in every element of the celebration.
It determines a specific link to the past by which it appears as the reversed image of the present, staged as object of loss. It also determines cultural choices such as the one between two musical traditions. Such mechanisms respond to a new spatial organization which is a direct consequence of the recent economic and political changes in Morocco. In this organization, power is no more in the local but outside the community’s territory. Women are marginalized and intermediary figures become the center of the renewal of tradition. The study of singularisation enables to explain how identity is made, to determine conditions for the cultural survival of a group, to characterize the relation between a cultural event and social change, and to bring new elements to the theories of tradition.
Identifer | oai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/8485 |
Date | 12 1900 |
Creators | Elfassy-Bitoun, Sarah |
Contributors | Lanoue, Guy |
Source Sets | Université de Montréal |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Thèse ou Mémoire numérique / Electronic Thesis or Dissertation |
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