La pensée politique et sociale de l'écrivain et essayiste israélien Amos Oz (1939-) repose sur sa représentation des conflits inhérents à la psyché humaine; l'angoisse issue des questions en suspens porte l'individu à rechercher l'apaisement mental en adhérant à des idéologies et à des référents identitaires qui offrent un univers de cohérence où tout est ordonné et résolu. Sans toutefois nier l'importance du désir d'appartenance, l'auteur dénonce ses dérives: la glorification de la violence faite en son nom et l'intransigeance du fanatisme, notamment face à la question de l'autre. Ainsi, Oz cherche à sonder l'inconscient collectif israélien, à dégager la part fantasmée des mythes sionistes et à montrer comment ils ont eu de réelles conséquences sur l'identité nationale de son pays, sur le cours de son histoire et sur la relation israélienne à l'altérité palestinienne. Cet examen le porte à soutenir que la seule légitimité du projet sioniste est son aspiration à permettre au peuple juif de normaliser sa situation par la création d'un foyer national, ce que la prise des Territoires a rendu impossible. Oz pose ainsi l'ultime question: comment trouver une réponse satisfaisante au sionisme sans pour autant nier la réalité d'Israël? Sa réponse: la trahison. Le combat citoyen d'Oz est d'abord et avant tout un combat contre des attitudes individuelles. À l'attitude du fanatique à vouloir faire coïncider le réel au fantasme et à vouloir forcer autrui au changement pour parfaire le monde, Oz oppose le traître capable d'ambivalence morale et de pragmatisme. Le traître comprend que différentes avenues légitimes peuvent coexister face à un même problème: le conflit israélo-palestinien étant pour l'auteur une « tragédie », soit le choc de deux projets contradictoires également légitimes, il ne sera résolu durablement que par un compromis pragmatique entre ces deux projets plutôt que par une justice absolue pour chacun des camps. Ce compromis, c'est notamment par la reconnaissance -non pas par la compréhension mutuelle ou par l'amour fraternel-de l'autre pour ce qu'il est plutôt que pour ce qu'il représente et par la reconnaissance sans équivoque de son droit égal de vivre en paix dans son État qu'il sera possible. Si une majorité de l'opinion publique israélienne et palestinienne est aujourd'hui résignée à la nécessité de la paix à deux États, le combat d'Oz est aussi de faire prendre conscience comment, en devant renoncer aux rêves démesurés afin d'être en mesure de reconnaître l'attachement tout aussi véritable de l'autre à la terre, la douleur est une étape à franchir pour atteindre la paix. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Amos Oz, Sionisme, Identité israélienne, Trahison, Fanatisme, Conflit israélo-palestinien.
Identifer | oai:union.ndltd.org:LACETR/oai:collectionscanada.gc.ca:QMUQ.2893 |
Date | January 2006 |
Creators | Bérubé, Hélène |
Source Sets | Library and Archives Canada ETDs Repository / Centre d'archives des thèses électroniques de Bibliothèque et Archives Canada |
Detected Language | French |
Type | Mémoire accepté, NonPeerReviewed |
Format | application/pdf |
Relation | http://www.archipel.uqam.ca/2893/ |
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