À la fin du XIXe siècle, le royaume éthiopien a étendu ses frontières vers l'est, l'ouest et le sud. Ce processus a renforcé l'hétérogénéité du royaume. Le Wolaita a été conquis en 1894. À partir de 1941, l'accélération de la centralisation par l'empereur Haylä Sellasé s'est accompagnée d'une volonté d'homogénéisation culturelle. Le système scolaire national était l'instrument emblématique de cette politique ; il devait diffuser la langue amharique et les valeurs du nord chrétien orthodoxe. Les premières personnes du Wolaita entrées à l'école, dans les années 1940, ont été les enfants des colons venus du nord et des Wolaita assimilés au nouveau pouvoir. Dans les années 1960, les jeunes des campagnes marginalisées récemment converties au protestantisme ont investi l'école, bien décidés à se faire une place dans la nation grâce à l'éducation. Mais leur volonté d'être à la fois éthiopiens et protestants se heurtait à l'idéologie officielle. Le régime du Därg (1974-1991) a élargi les critères d'appartenance à la nation en cherchant à fonder un nationalisme séculier exempt de discriminations culturelles et religieuses, tout en œuvrant à étendre l'éducation à l'ensemble de la population. Ceci a entraîné l'adhésion active des Wolaita éduqués. En dépit de la désaffection massive à l'égard du régime, à la fin des années 1980, due aux désastres économiques et à la violence politique, le Wolaita était résolument devenu éthiopien. Cinquante ans d'histoire des dynamiques scolaires montrent comment les acteurs locaux ont créé, dans la convergence et la négociation des identités wolaita et éthiopienne, de nouvelles formes d'appartenance à la communauté politique nationale. / At the end of the nineteenth century, Ethiopia expanded its borders to the east, west and south. This process increased the heterogeneity of the kingdom. Wolaita was conquered in 1894. From 1941, Emperor Hayla Sellasé's commitment to centralization came with the objective of cultural homogenization. The national school system was the focus of this policy; it had to spread Amharic language and the values of the Orthodox Christian north. In the 1940s, the first to enter school in Wolaita were the children of northern settlers and Wolaita incorporated to the new polity. In the 1960s, young people from rural areas, recently converted to Protestantism, entered school, determined to take their place in the nation through education. But their willingness to be both Ethiopian and Protestants clashed with official ideology. The Darg's regime (1974-1991) broadened the criteria for national belonging seeking to establish a secular nationalism divorced from cultural and religious discriminations, while working to extend education to the entire population. This has entailed the active support of educated Wolaita. Despite the massive disaffection with the regime in the late 1980s, due to economic disasters and political violence, Wolaita definitely became Ethiopian. Fifty years of dynamics of schooling reveals how local actors, negotiating with Ethiopian and Wolaita identities, created new forms of belonging to the national political community.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2014PA010620 |
Date | 01 December 2014 |
Creators | Guidi, Pierre |
Contributors | Paris 1, Boilley, Pierre |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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