Les biotechnologies mobilisées aujourd'hui dans les bioindustries requièrent des compétences qu'une entreprise ne peut plus maîtriser seule. L'aboutissement d'innovations disruptives implique une approche pluridisciplinaire nécessitant l'intervention de plusieurs secteurs industriels ce qui s'oppose à une logique d'innovation propriétaire. La transversalité nécessaire à ces rapprochements entre entreprises privées et secteurs public et ou entre industries issues de secteurs d'activités différents modifie profondément la nature des modèles d'organisation. Parmi l'ensemble des modèles adoptés, celui des écosystèmes d'affaires (EA) occupe une place de plus en plus centrale dans les bioindustries. L'optimisation des logiques d'innovation associées est devenue un enjeu auquel même les institutions tentent de répondre en soutenant l'adoption de logiques d'innovation ouverte (IO) et le développement d'EA. Pourtant la nature de ces deux notions restent discutées et leur combinaison théorique mal comprise. Bien que les études de cas montrent que les EA appuient leur développement sur l'IO dans les domaines dont le développement repose sur la connaissance, la nature et la séquence de mise en œuvre des concepts mobilisés restent à déterminer. De plus, le débat demeure concernant la nature ontologique et les limites épistémologiques des notions d'IO et d'EA. Cette thèse s'efforce de préciser ces éléments puis elle détermine quel rôle est joué par l'IO dans l'émergence des EA dans les bioindustries françaises.L'analyse ontologique de la notion d'EA révèle la valeur purement métaphorique des transpositions effectuées par Moore depuis l'écologie pour en établir la définition. Par conséquent, l'approche analogique adoptée par une partie des scientifiques ne peut être retenue pour établir les limites épistémologiques de la notion d'EA. La nature ontologique de la notion d'IO reste incertaine. Nature des flux d'informations inter-organisationnels et capacités dynamiques des firmes sont conjointement mobilisés. Cette incertitude n'étant pas permissive à la réalisation d'une analyse épistémologique, les capacités dynamiques sont ici choisies comme fondement théorique de l'IO. L'analyse épistémologique de la notion d'EA démontre l'application d'une boucle récursive dans sa construction. De plus, elle révèle l'existence d'une théorie substantive derrière la notion d'EA, théorie mobilisant une séquence de concepts mise en œuvre successivement dans l'émergence des EA. L'IO étant l'une des notions mobilisées.La posture épistémologique adoptée dans cette thèse est celle du réalisme critique. Elle permet la prise en compte de la boucle récursive, est adaptée à l'approche par les théories ancrées, et intègre les circonstances intrinsèques et extrinsèques justifiant la manière dont les mécanismes générateurs sont activés. Elle autorise la formulation d'hypothèses fondatrices d'ordre ontologique. Ce choix permet de conserver la posture épistémologique séminale implicite de Moore, de légitimer la valeur de sa démarche ancrée, d'assumer l'hypothèse ontologique formulée à propos des fondements de l'IO, et de tenir compte des facteurs tant environnementaux qu'organisationnels justifiant de l'émergence des EA. La méthodologie d'analyse qui en découle est qualitative. Elle passe par une comparaison de deux études de cas réalisées sur la base d'analyses de données secondaires. Les facteurs contextuels de chaque cas sont corrélés afin de dévoiler les mécanismes générateurs justifiant du rôle de l'IO dans l'émergence des EA.Les résultats confirment la séquence de mise en œuvre des concepts proposés par Moore dans l'émergence des EA pour les bioindustries françaises. Ils précisent la place de l'IO dans cette séquence en spécifiant son rôle dans le passage de la collaboration à la coévolution des firmes au sein de l'EA. Ils confirment que l'EA ne constitue pas un modèle d'organisation en soi mais une posture inter-firmes favorisant l'adoption de modèles adaptés. / Biotechnologies mobilized today in bio-industries require skills that companies can no longer control alone. The development of disruptive innovations involves a multidisciplinary approach requiring the intervention of several industrial sectors that is opposed to proprietary innovation logic. Transversality necessary for these collaborations between private companies and public sectors and or between industries from different business sectors profoundly changes the nature of organizational models chosen by firms. Among all the models adopted, the business ecosystem (BE) occupies a more and more central place in bio-industries. The optimization of the associated logical innovation has become a challenge that even the institutions are trying to respond by supporting the adoption of open innovation logics (OI) and the development of BE. Yet, the nature of these two notions is still discussed and there theoretical combination remains poorly understood. Although case studies show that BE support their development on OI in knowledge based industries, nature and implementation sequence of underlying concepts remain to be determined. Moreover, the debate remains regarding the ontological and epistemological limits of OI and BE notions. This thesis seeks to clarify these elements and determines what role is played by the OI in the emergence of BE in the French bio-industries.The ontological analysis of BE notion reveals the purely metaphorical transpositions made by Moore from ecology to establish its definition. Therefore, the analogical approach supported by a part of the scientific community can't be applied to establish the epistemological limits of BE notion. The ontological nature of OI notion remains uncertain. Nature of inter-organizational information flows and dynamic capabilities of firms are jointly mobilized. This uncertainty is not permissive to the achievement of an epistemological analysis, therefore dynamic capacities here were chosen as theoretical foundations of the OI notion. The epistemological analysis of the development of BE notion demonstrates the application of a recursive loop in its construction. Moreover, it reveals the existence of a substantive theory behind the BE notion, theory which mobilizes a sequence of concepts implemented successively in the emergence of BE. The OI is one of mobilized notions.The epistemological posture adopted in this thesis is that of critical realism. It allows the inclusion of the recursive loop. It is suitable for the approach by grounded theories. It integrates intrinsic and extrinsic circumstances justifying how generating mechanisms are activated. It allows the formulation of founding ontological assumptions. This choice preserves Moore's implicit epistemological posture, legitimizes the value of its grounded approach, assumes the ontological assumption made about the foundations of OI notion, and takes into account both environmental and organizational factors justifying the emergence of BE. The resulting methodology is qualitative. It goes through a comparison of two case studies based on secondary data analysis. Contextual factors of each case are correlated to reveal the generative mechanisms justifying the role of OI in the emergence of BE.The results confirm the implementation sequence of concepts proposed by Moore in the emergence of BE in the French bio-industries. They precise the place of OI in this sequence by specifying its role in the transition from collaboration to co-evolution of firms within BE. They confirm that BE is not an organizational model in itself, but an inter-organizational stance promoting the adoption of appropriate models.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2015CNAM0996 |
Date | 06 July 2015 |
Creators | Parisot, Xavier |
Contributors | Paris, CNAM, Pesqueux, Yvon |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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