En s'employant par la plume au redressement de la France, Pierre Drieu la Rochelle s'inscrit dans la lignée des écrivains et des penseurs qui ont dénoncé la décadence – Paul Bourget et, surtout, Barrès et Nietzsche, les deux maîtres qu'il se reconnaît. "Je me suis trouvé comme tous les autres écrivains contemporains devant un fait écrasant : la décadence", écrit-il dans la préface de Gilles, citant volontiers Aragon, Céline, Malraux ou encore Montherlant, ces écrivains et intellectuels de l'entre-deux-guerres avec lesquels il partage une certaine fraternité prophétique. Si Drieu a vécu et envisagé les rapports de sa création littéraire avec l'idéologie et la politique à travers le prisme de la convulsion du temps provoquée par la crise de l'antimodernisme et de l'antiparlementarisme, il affronte ce qu'il considère être un «fait écrasant» en pratiquant une "observation systématique". Dans "son œuvre de satire", cette référence obsédante à la décadence, qu'il décèle plus particulièrement dans le corps individuel et social, fait l'objet de transfigurations littéraires qui visent toutes à la dénoncer. Pour essayer de cerner les enjeux d'une telle représentation, qui se situe à la jonction de l'idéologie et de la littérature, il est nécessaire d'analyser les fondements de l'imaginaire de la décadence inhérents à la période de l'entre-deux-guerres. À ce prix, il devient possible de distinguer l'unité et la cohérence de l'œuvre de Drieu, articulée autour de cette décadence que l'on doit considérer comme un "fait d’imagination" (Pierre Citti) et cristallisée autour d'un motif central : le corps / In reflecting on and reasoning about the decline of his country, Pierre Drieu la Rochelle appears as an heir to those writers and theoreticians who denounced its decadence, including Paul Bourget but principally Barrès and Nietzsche, the two masters with whom he identifies. "Je me suis trouvé comme tous les autres écrivains contemporains devant un fait écrasant : la décadence", writes the novelist, in the preface to Gilles. Thus he gladly cites Aragon, Céline, Malraux and Montherlant, who were all writers and intellectuals of the interwar years, and with whom Drieu shares some kind of prophetic fraternity. Drieu foresees the interaction of his literary creativity with ideology and politics through the lens of the convulsion of time, occasioned by the crises of antimodernism and antiparliamentarism. Consequently he faces what he considers to be a "crashing fact" in practising a "systematical observation". In his "satirical work", his insistent reference to decadence, which he detects in both the individual and collective body, is subjected to literary metamorphosis ; this imagery betrays his intimate obsession. In order to grasp what is at stake in such a mental representation, situated at the intersection of ideology and literature, it is necessary to understand first of all the foundations of the imagination of decadence, inherent in the troubled world of the interwar years. This is necessary in order to set apart the unity and the coherence of Drieu's work, focused on this decadence to be considered as an "fait d’imagination" (Pierre Citti) and made real through a central topic : the body
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2009METZ014L |
Date | 06 November 2009 |
Creators | Silva, Sonia da |
Contributors | Metz, Wittmann, Jean-Michel |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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