Au Québec, les activités de jumelage interculturel existent depuis 1980, issues du monde communautaire. Elles sont l’une des seules activités qui mettent en contact de façon planifiée des membres de la société d’accueil, nés ici ou ailleurs, avec des personnes nouvellement arrivées dans la province, sur une base volontaire. Un des objectifs de ces activités est de faciliter l’intégration de ces dernières. Le jumelage interculturel est souvent présenté comme une manière idéale de faciliter la rencontre et le contact intergroupe, mais ces activités ne sont pas exemptes de défis et d’enjeux délicats, liés aux relations de pouvoir qui existent entre les participantes et les participants, aux angles morts de la théorie du contact et aux critiques de la notion d’intégration. Ce mémoire est le résultat d’une recherche de terrain ethnographique réalisé à l’automne 2021, dans un organisme communautaire qui organise des activités de jumelage interculturel, dans la ville de Montréal. Le jumelage interculturel se dévoile comme un espace parfait pour étudier les dynamiques d’interactions entre les membres de différents groupes, dans un contexte où ces activités se situent à l’intersection entre plusieurs visions concernant l’intégration : celle du gouvernement du Québec, qui finance ces activités, celle de la personne responsable du jumelage et de l’organisme qui organise le jumelage interculturel, celles des participantes et participants et celle de la chercheuse, elle-même portant sa propre culture académique, qui influence sa perspective. Ce mémoire analyse, à l’aide d’un cadre théorique inspiré de l’analyse systémique, de la philosophie herméneutique de Gadamer et de la théorie des frontières de Barth, les effets du contact sur les personnes participantes et leurs perceptions. Dans un premier temps, ce mémoire fait émerger une autre perspective sur la notion d’intégration, à travers l’analyse d’une situation interculturelle issue du terrain. Dans un deuxième temps, il met en lumière le fait que dans les activités de jumelage interculturel, les frontières entre les groupes, loin de disparaître, continuent de se maintenir. Toutefois, pour certaines personnes, le dialogue et la rencontre mènent à un changement d’état d’esprit et à une réorganisation des catégories utilisées pour classer la réalité. Ce mémoire présente comment le jumelage interculturel peut faciliter de telles transformations, mais également comment il peut les limiter, à travers la réification des préjugés basés sur la hiérarchisation des cultures et le culturalisme. / In Quebec, intercultural twinning activities have existed since 1980, stemming from the community sector. They are one of the only activities that bring members of the host society, born here or elsewhere, directly into contact with newcomers in the province on a voluntary basis. One of the objectives of these activities is to facilitate their integration. Intercultural twinning is often presented as an ideal way to facilitate intergroup contact but these activities are not exempt from challenges and delicate issues, related to the power relations that exist between the participants, to the blind spots of contact theory and criticisms of the notion of integration. This paper is the result of an ethnographic field research in a community organization that organizes intercultural twinning activities in the city of Montreal. Intercultural twinning is revealed as a perfect space to study the dynamics of interactions between members of different groups, in a context where these activities arise at the intersection between several visions concerning integration: that of the Government of Quebec, which funds these activities, that of the person in charge of the twinning and of the organization which organizes the intercultural twinning, those of the participants and that of the researcher, herself carrying her own academic culture, which influences her perspective. This dissertation analyzes, using a theoretical framework inspired by systemic analysis, Gadamer's hermeneutical philosophy and Barth's theory of borders, the effects of contact on participants and their perceptions. At first, this paper brings out another perspective on the notion of integration, through the analysis of an intercultural situation from the field. Secondly, it highlights the fact that in intercultural twinning activities, the boundaries between groups, far from disappearing, continue to be maintained. However, for some people, dialogue and encounter lead to a change of mindset and a reorganization of the categories used to classify reality. This paper presents how intercultural twinning can facilitate such transformations, but also how it can limit them, through the reification of prejudices based on the hierarchy of cultures and culturalism.
Identifer | oai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/32475 |
Date | 08 1900 |
Creators | Bourassa-Lapointe, Laurence |
Contributors | White, Bob |
Source Sets | Université de Montréal |
Language | fra |
Detected Language | French |
Type | thesis, thèse |
Format | application/pdf |
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