Le discours de la doxa est le ciment du lien social. Il favorise la logique de l’identification à un groupe. Un groupe social se reconnaît à son idiome et à ses signifiants-maîtres. Ces signifiants fonctionnent comme signes de reconnaissance. Ces signes sont classifiés selon une échelle de valeurs qui permet de juger les discours en fonction de leur emploi de ces signes. Tous ces signes se résument en réalité à un seul signe, celui de l’argent. Le seul discours susceptible de pouvoir s’opposer à cette logique du capital est le discours amoureux. L’expérience amoureuse est une aspiration à un nouveau discours. Les amants doivent inventer un nouvel idiome leur permettant de fonder un nous qui ne soit plus le nous du discours social. L’ironie de l’écriture austenienne attaque cet idéalisme. Discours du capital et discours amoureux ont un même aboutissement, le mariage. Le mariage appartient à une logique économique. Il assure la survie des partenaires d’un contrat. Dans un tel contexte, l’idéal amoureux est incapable de se libérer de la logique du capital. Capital et amour ne forment qu’un seul et même idéal. Dans les romans de Jane Austen, la rencontre amoureuse, entre idéal et désenchantement, est paradoxale et ambivalente. Le rite social du mariage représente un effort pour traduire l’idiome du capital dans celui de l’amour et vice versa. Or ces deux idiomes ne sont pas traduisibles l’un dans l’autre. L’écriture austenienne témoigne d’un différend. Le Neutre est le fondement de ce témoignage. Si l’écriture des romans de Jane Austen emprunte le langage de la morale, le discours n’est pas moralisateur. L’usage de l’ironie neutralise tout jugement définitif. Le jugement est renvoyé à la responsabilité du lecteur. La lecture des romans de Jane Austen devient une expérience du témoignage d’un différend. / The discourse of the doxa is what holds society together. This discourse orientates the logic presiding at the identification to a group. A social group can be recognized by its idiom and by its master-signifiers. These signifiers work as signs of recognition. They are classified according to a scale of values, which allows to judge discourses depending on the way those signs are used. There is in fact only one sign that governs their use: money. The only discourse which could stand against the power of the capital is the discourse of love. The experience of love leads to a search for a new type of discourse. Lovers have to invent a new idiom to be able to form a new we which will no longer be the we of the social discourse. But this idealism is discredited by the irony of Jane Austen’s novels. The discourse of the capital and the discourse of love lead to the same purpose, marriage. Getting married is an economic urge. The survival of the two partners is guaranteed by marriage. In such a context, love as an ideal cannot free itself from the logic of the capital. Capital and love become one identical ideal. In Jane Austen’s novels, between idealism and disenchantment, love is represented in a paradoxical and ambivalent way. Marriage, as a social rite, represents an effort to translate the idiom of the capital into the idiom of love and vice versa. However these idioms cannot be translated into one another. Jane Austen’s way of writing bears witness to this differend. The choice of the Neuter is the basis of this possibility. If in Jane Austen’s novels, the language of morality is omnipresent, their discourse is not a moralizing one. Irony neutralizes any final judgment. The responsibility to judge is imparted to the reader. Reading Jane Austen’s novels becomes the experience of what it means to bear witness to the differend.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2012PA100093 |
Date | 22 June 2012 |
Creators | Demir, Sophie |
Contributors | Paris 10, Pedot, Richard |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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