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Mythe et sacré : le pouvoir des mots dans le Seigneur des anneaux

D'enfant intrigué par des inscriptions en gallois, Tolkien évolue vers un apprentissage précoce du latin, du grec et de nombreuses langues anciennes. Sa passion pour les langues ne se dément pas: bientôt il travaille à l'élaboration de langues inventées basées sur le finnois, puis il fonde un club de lecture de sagas en norrois. Dans son étude des langues, il s'intéresse aux anciens textes qui recèlent leur évolution: très vite, pour lui, le langage et le mythe sont indissociables. Le langage génère du mythe et ce dernier survit à travers les langages. Du propre aveu de l'auteur, c'est pour donner vie à ses langues inventés qu'il créa leur monde: « [...] il lui fallait une « histoire » pour lui servir de base. [...] Il mettait ce langage au point, maintenant il lui fallait trouver les gens dont ce serait la langue. » (Carpenter, 2002). En marge de ses recherches universitaires, il construit donc sa mythologie personnelle, un travail étalé sur toute une vie dont quelques vingt ans sur le seul Seigneur des Anneaux pour lequel il s'attarde minutieusement sur chaque mot: « It was begun in 1936, and every part has been written many times. Hardly a word in its 600 000 or more has been unconsidered. » (Carpenter, 1981). En parcourant la biographie de ce linguiste-écrivain, qui peut se surprendre de voir le langage comme personnage principal de son oeuvre Le Seigneur des Anneaux? Son récit se veut une reconstruction moderne basée sur les légendes anciennes qu'il affectionne et il y inclut à cet effet nombre des éléments langagiers, relevant souvent de la pensée mythique, qui donnent à ces récits anciens leur saveur particulière. Parmi ces éléments, nous avons relevé le traitement accordé à la nomination et celui accordé aux manifestations de la parole poétique que sont ces chants et poèmes que l'on retrouve égrenés dans la narration en prose. En premier lieu, nous exposerons l'intérêt de l'auteur pour le langage et les littératures médiévales (principalement germaniques et finnoise), notamment pour leurs techniques langagières particulières. Nous nous appuierons en cela sur ses essais consacrés aux sources et à la genèse du texte (Tolkien, 1981, 1997). Puis, nous mettrons en relief ce qui, de la pensée mythique, éclaire la perspective et l'utilisation par Tolkien du nom et de la parole poétique avec l'appui de l'essai de Mircea Eliade: Aspects du mythe. Ensuite, il nous faudra étudier la littérature médiévale germanique avec l'aide des ouvrages de Régis Boyer y ayant trait. Nous pourrons ensuite nous pencher sur la question du traitement de la nomination dans l'oeuvre de Tolkien: quel est sa nature, son sens et ses fonctions pour le récit et qu'est-ce qui la rattache à la pensée mythique? Enfin, nous nous intéresserons aux nombreux chants et poèmes propres à l'oeuvre. Nous verrons comment ils définissent des cultures, relatent un passé et des mythes; bref, comment ils ajoutent à la cohérence et à la profondeur de l'univers fictif dépeint. Ainsi, et plus que de simples artifices stylistiques, ces manifestations langagières singulières qui imprègnent Le Seigneur des Anneaux participent de la structure même du récit et sont étroitement liées à la pensée mythique: le langage, le mot, a un véritable pouvoir chez Tolkien. Voilà ce que ce travail tendra à démontrer. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Mythe, Nomination, Parole poétique, Fantasy.

Identiferoai:union.ndltd.org:LACETR/oai:collectionscanada.gc.ca:QMUQ.1996
Date January 2008
CreatorsDagenais-Pérusse, Michel
Source SetsLibrary and Archives Canada ETDs Repository / Centre d'archives des thèses électroniques de Bibliothèque et Archives Canada
Detected LanguageFrench
TypeMémoire accepté, PeerReviewed
Formatapplication/pdf
Relationhttp://www.archipel.uqam.ca/1996/

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