Depuis les années 1970 - décennie du Moi pour certains - le solo est un phénomène en pleine expansion. La volonté de s'exprimer en son nom propre, la tentation de dévoiler une partie de soi - disséminée dans quelques personnages -, celle, plus vertigineuse encore, de s'exposer aux spectateurs, de les convier à un quasi tête à tête, imprègnent cette forme théâtrale peut-être plus que toute autre. L'artiste est à la fois au centre de la représentation, mais il en est aussi le centre. Tout prête à penser que le solo cristallise certaines dérives de la modernité - tels le narcissisme, l'égocentrisme, l'exhibition du moi ou encore l'individualisme -, dérives qui, d'après Christopher Lasch, caractérisent l'époque contemporaine. Le solo n'est-il que le fruit de cette « culture du narcissisme » dont parle Lasch? Ne peut-on pas y lire, derrière le reflet négatif qu'a priori il renvoie, un rapport singulier du sujet au monde? Ne traduit-il pas une certaine manière de construire son identité? C'est autour de ces questions que cette recherche s'articule. Elle vise à interroger la construction de l'identité dans le solo à une époque et dans une culture particulières, une culture qui se partage entre dérives narcissiques et « idéal d'authenticité », cette dernière notion étant celle avancée par Charles Taylor pour contrer la vision uniformément pessimiste de Lasch. Nous avons souhaité étudier deux démarches diamétralement opposées - en termes d'esthétique - afin de mettre à l'épreuve nos hypothèses. À partir de trois spectacles solos de Robert Lepage (Les aiguilles et l'opium, La face cachée de la lune et Le projet Andersen) et de trois autres de Pol Pelletier (Joie, Océan et Nicole, c'est moi), nous avons tenté de montrer comment les spectacles étudiés mettent enjeu, par le biais des personnages, de la structure de la fiction et des figures identitaires qui se profilent derrière l'artiste, certains malaises de cette modernité décriée par Lasch et Taylor, tout en mettant en place néanmoins deux modèles identitaires au cœur desquels siège la figure de l'Autre. L'esthétique kaléidoscopique de Lepage s'oppose, bien sûr, à l'esthétique quasi monolithique de Pelletier. Multiplicité et transformation chez l'un, quête d'unité et cheminement intérieur chez l'autre. Le premier privilégie l'extériorité et l'objectivation tandis que la seconde nous entraîne sur les chemins, plus intimes, de l'intériorité et de la subjectivation. Au terme du parcours, c'est peut-être un autre visage du monde d'aujourd'hui qui se dessine.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Spectacle solo, Identité, Altérité, Narcissisme, Authenticité, Robert Lepage, Pol Pelletier.
Identifer | oai:union.ndltd.org:LACETR/oai:collectionscanada.gc.ca:QMUQ.4754 |
Date | 08 1900 |
Creators | Perrot, Edwige |
Source Sets | Library and Archives Canada ETDs Repository / Centre d'archives des thèses électroniques de Bibliothèque et Archives Canada |
Detected Language | French |
Type | Mémoire accepté, NonPeerReviewed |
Format | application/pdf |
Relation | http://www.archipel.uqam.ca/4754/ |
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