La littérature au féminin du XXe siècle est marquée par la récurrence des motifs de la matrophobie et du matricide (Hirsch, 1991 ; Saint-Martin, 1999 ; Giorgio 2002). Dans une perspective comparatiste, la présente étude s’intéresse plus précisément aux années 1945 à 1968, délimitées par six textes de fiction composés par six écrivaines du Québec, de la France et des États-Unis. La notion de sacrifice telle qu’elle a été définie par René Girard (1972 et 1982 notamment) et par Anne Dufourmantelle (2007) est convoquée pour comprendre la représentation textuelle de la matrophobie et du matricide. Combinés à plusieurs analyses féministes de la maternité comme institution (Rich, 1976 ; Irigaray, 1981 ; Olivier, 1980), les définitions et concepts de ces deux théories seront utilisés pour rendre compte des mécanismes horizontaux et verticaux à l’oeuvre dans les textes du corpus. De surcroît, le mythe, dans l’acception que lui a donnée René Girard, sera convoqué comme paradigme, pour saisir les enjeux de la parole sur la mère. À l’issue de la lecture des textes, il apparaît que, dans le corpus, loin d’être synonyme de retour à la paix sociale comme le pose René Girard, le sacrifice des mères et des filles (par identification aux mères) signifie la destruction des sociétés représentées. À ce titre, la présente thèse conclut qu’à une époque riche en bouleversements socioculturels et politiques sur la place et le statut des mères dans les trois pays concernés, ces textes de femmes mettent en image un malaise lié à la maternité instituée ainsi que l’extraordinaire force d’emprise d’une idéologie qui condamne les femmes et les mères à une mort littérale ou symbolique, parfois les deux. / Western women’s writing in the twentieth century is marked by the thematic prominence of matricide and matrophobia (Hirsch, 1991; Saint-Martin, 1999 ; Giorgio 2002). Working comparatively, this study addresses the years 1945-1968 as seen through six texts written by women in Quebec, France, and the United States. This study deploys the notion of “sacrifice,” as articulated by René Girard (1972, 1982) and Anne Dufourmantelle (2007), in order to delimit the textual representations of matrophobia and matricide engendered by these works. Drawing on feminist critiques of the “institution” of maternity (Rich, 1976; Irigaray, 1981; Olivier, 1980), this study pursues both a horizontal (systemic and causal) and vertical (learned or inherited) analysis of the act of sacrifice. It further draws on Girard’s seminal exploration of “myth” in order to examine the period’s discursive constructions of the mother. Far from being synonymous with a restoration of social harmony as René Girard argues, the “sacrifice” of mothers (and daughters, through an identification with their mothers) incites the destruction of the societies depicted by these authors. These texts relate women’s unease with the institutions of maternity during a period of political and socio-cultural upheaval regarding the role and status of mothers in the three countries concerned. Through its exploration of the ontology of sacrifice, this thesis illustrates the extraordinary influence of an ideology, which in its time, condemned women and mothers, in some cases, to both a literal and symbolic death.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2012PA040216 |
Date | 13 December 2012 |
Creators | Caute, Adeline |
Contributors | Paris 4, Université du Québec à Montréal, Gély, Véronique, Saint-Martin, Lori |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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