À la fin du XVIIe siècle, la dissolution du pacte allégorique semblait avoir à tout jamais disjoint la fable et le conte, la première prenant en charge seule un but didactique et le second se définissant comme un récit pur, sans intention de transmettre un quelconque message. Paradoxalement, de la fin du XVIIe siècle jusqu’aux années 1775, un nombre important de contes affichent, dès leurs seuils (titres, épigraphes, frontispices, préfaces), une fonction cognitive : on assiste à l’émergence d’une nouvelle catégorie du conte, qui se réconcilie avec les savoirs. Cette thèse vise à montrer que la portée philosophique et morale de ce sous-genre réside moins dans le message transmis que dans le mode de déchiffrement qu’il induit et dans la singularité de l’expérience qu’il fait vivre au lecteur. Les contes à visée morale et philosophique ne sont pas des illustrations d’une thèse préalable, ils déclenchent la réflexion du lecteur grâce à un dispositif narratif particulier, qui repose sur un pacte de lecture non plus allégorique, mais analogique : le lecteur est amené à faire des liens entre ce qui a priori est sans rapport, à prendre une posture critique à l’égard de tous les discours (notamment religieux, politiques, pseudo-scientifiques et même fictionnels), et à s’interroger sur lui-même, en somme à être philosophe, au sens où l’entendait le XVIIIe siècle. Après avoir repéré les constantes structurelles et thématiques de ces textes, aussi divers soient-ils, nous étudions l’entremêlement des discours philosophiques et moraux et de la fiction, dans les contes de Fénelon, Montesquieu, Saint-Hyacinthe, Crébillon, Diderot, Rousseau, Voltaire et Marmontel. / At the end of the seventeenth century, the dissolution of the allegorical pact had seemed to separate the fable from the tale for ever, the first supporting only a didactic purpose while the second is defined as pure storytelling, without intending to convey any message. Paradoxically, from the end of the seventeenth century to the 1775s, a large number of tales claim straight away - in their titles, epigraphs, frontispieces, prefaces- to have a cognitive function: we are witnessing the emergence of a new category of tales, which is reconciled with knowledge. This thesis aims to show that the philosophical and moral implications of this sub-gender are not so much the message conveyed as the type of deciphering that it induces and the uniqueness of the experience it brings to life. Tales which have a moral and philosophical aim are not illustrations of a prior thesis, they trigger the reflection of the reader with a particular narrative device, based on a reading pact that is not allegorical, but analogical: the reader is led to make connections between what is a priori unrelated, to take a critical stance towards every kind of speech (including religious, political, pseudo-science and even fiction itself), and to question himself, in short to be a philosopher, in the sense understood in the eighteenth century. After identifying common thematic structures of these texts, while taking into account their differences, we study the entanglement of philosophical and moral discourse and fiction in the tales by Fenelon, Montesquieu, Saint-Hyacinthe, Crebillon, Diderot, Rousseau, Voltaire and Marmontel.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2013BOR30036 |
Date | 22 November 2013 |
Creators | Fourgnaud, Magali |
Contributors | Bordeaux 3, Gaillard, Aurélia |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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