Le spectacle vivant actuel fait la part belle à des représentations légères, divertissantes, qui jouent avec le mauvais goût et intègrent la culture de masse. Il se dégage alors de certaines mises en scène, à la valeur artistique pourtant indéniable, une tonalité qui amène à les qualifier de kitsch. Or, selon Hermann Broch, le kitsch est “l’anti-art” par excellence. Cette contradiction tient au fait que, lorsque le kitsch est envisagé à distance, comme l'ont démontré Susan Sontag et Guy Scarpetta, à un second degré, il peut accéder à l’art. Pour qualifier de kitsch une représentation sans que cela renvoie à un jugement de valeur dépréciatif et afin de comprendre les modalités de ce renversement, il faut au préalable identifier le kitsch. En s’appuyant sur les définitions de cette notion par des penseurs comme Walter Benjamin ou Clement Greenberg et sur les descriptions des propriétés du kitsch par Abraham Moles et Christophe Genin, cette thèse s'arrête, notamment, sur le rôle du processus autoréflexif de la métathéâtralité. Celle-ci permet en effet au kitsch, en se dénonçant comme tel, de devenir un outil scénique qui produit une esthétique que nous appelons métakitsch. Dans l’objectif de saisir concrètement les enjeux, les effets et les limites de cette esthétique, l’opérette s'est avérée le genre théâtral le plus propice. Aussi la deuxième partie de cette étude est-elle centrée, d’une part sur quatre œuvres de Jacques Offenbach par un même metteur en scène, Laurent Pelly, de l’autre sur l’analyse comparative de quatre représentations de La Belle Hélène d’Offenbach par des metteurs en scène différents. Il en ressort que l’utilisation du kitsch, qui offre une grande liberté aux metteurs en scène, engendre des spectacles souvent ironiques, voire caustiques, hybrides, éclectiques et ludiques. L’utilisation du kitsch, de l'anti-art dans l'art, semble répondre aux besoins de renouveau du public. / Modern live shows tend to be light and fun affairs which integrate with bad taste and popular culture. Some stagings, which possess an undeniable artistic value, have emerged with a tone that one could call kitsch. According to Hermann Broch, kitsch is the "anti-art". This contradiction arises because, as Susan Sontag and Guy Scarpetta have demonstrated, when kitsch is considered at a distance, with irony, it can be considered art. To call a show kitsch in a non-pejorative manner, and in order to understand the manner of this reversal, one must first define kitsch. Based on the definitions of this notion by thinkers like Walter Benjamin and Clement Greenberg and the descriptions of the properties of kitsch by Abraham Moles and Christophe Genin, this dissertation will notably end with the role of the self-reflexive process of metatheatre. This allows kitsch, in identifying it as such, to become a tool for the stage that produces an aesthetic that we call metakitsch. In terms of concretely defining the stakes, the effects and the limits of this aesthetic, the operetta has proved to be the most suitable theatrical genre. The second part of this study is centered, on the one hand, on four works by Jacques Offenbach presented by the same director, Laurent Pelly, and on the other, on a comparative analysis of four representations of La Belle Helene by Offenbach, presented by different directors. It will emerge that the use of kitsch, which offers a great deal of freedom to directors, produces spectacles that are often ironic, even caustic, hybrid, eclectic and playful. The use of kitsch, of anti-art in art, seems to meet the public's need for something new.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2018USPCA005 |
Date | 22 January 2018 |
Creators | Routier, Hélène |
Contributors | Sorbonne Paris Cité, Balaudé-Treilhou, Catherine |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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