L’état actuel de l’étude psychosociale du rapport entre Français d’origine européenne et Français d’origine maghrébine en France fait apparaître un morcellement des connaissances dû à la diversité des champs théoriques investis mais aussi à la complexité de ce rapport lui-même et des enjeux auxquels il est rattaché. Le présent travail se propose ainsi de rendre compte, à partir d’un socle épistémothéorique psychosocial commun, de l’historicité, de la contextualité et de la richesse phénoménologique qui caractérisent ce rapport. En raison de l’inscription socio-historique et de la participation sociale en jeu, la théorie des représentations sociales et le paradigme des partitions sociales constituent le cadre théorique dont l’articulation opérationnalise le regard psychosocial qui a été appliqué. Cette articulation a donné lieu à une architecture de contributions empiriques mêlant analyses qualitatives (notamment de presse) et dispositifs expérimentaux.Au total, cinq études ont été réalisées. La première étude s’intéresse aux élaborations représentationnelles autour de l’immigration maghrébine et fait ressortir la nécessité d’intégrer le rapport à la France dans l’étude du rapport aux Français d’origine maghrébine pour appréhender les jeux d’opposition, de domination et d’inclusion-exclusion qui sont à l’œuvre. Les résultats montrent également le caractère co-constructiviste des relations et représentations et soutiennent la pertinence d’un examen de l’intervention des distances psychosociales possibles, notamment entre « Français » et « Arabes », dans la structuration des représentations relatives aux « Arabes ». Les deux études subséquentes s'interrogent alors sur l’articulation entre rapport aux « Arabes », rapport aux « Français » et construction des représentations des « Arabes », auprès de participants se déclarant Français d’origine européenne, dans un contexte intragroupe (entre « Français ») et dans un contexte intergroupe (avec un « Arabe »). Il ressort que le bloc « représentations-rapports » remplit des fonctions de contextualisation et est lui-même profondément adaptable à l’interaction. Une troisième étude interroge l’utilisation, dans les deux précédentes contributions, des désignations « Français » et « Arabes ». Elle porte ainsi exclusivement sur les désignations des Français d’origine européenne et des Français d’origine maghrébine auprès de participants issus des deux catégories. Au moyen d’entretiens inspirés par la méthode d’étude des partitions sociales, les résultats amènent à retenir « Français », « Arabes » et « Maghrébins » comme les désignations qui permettent le plus finement possible d’analyser le rapport entre les deux catégories.À partir de ces termes, une dernière étude utilise les représentations pour examiner de manière articulée (1) le type de relation entre « Français » et « Arabes », d’une part, et « Français » et « Maghrébins », d’autre part, (2) la réflexivité des Français d’origine européenne dans le cadre de ce rapport et (3) l’insertion symbolique de la France. À partir d'unemanipulation du contexte catégoriel d’interaction (intragroupe versus intergroupe), une lecture des résultats propose de voir la polymorphie de ce rapport comme formes de maîtrise, de défense et de projection à partir desquelles la stigmatisation, la dégradation et l’exclusion sont, paradoxalement, les expressions d’un mode spécifique de transaction psychosociale dans lequel il ne s’agit pas de rejeter les Français d'origine maghrébine en dehors de la France.Malgré la complexité de l’articulation théorique et de la démarche méthodologique, le présent travail démontre la possibilité d’étudier d’un point de vue psychosocial unifié des phénomènes aussi multiples, divers et complexes que ceux relatifs au rapport aux Français d’origine maghrébine en France. / The current state of the psychosocial study of the relation between French from European origin and French from Maghrebi origin in France reveals a fragmentation of knowledge due to the diversity of the invested theoretical fields but also to the complexity of this relation itself and the issues to which it is attached. The present work thus proposes to account, from a common epistemo-theoretical psychosocial basis, for the historicity, the contextuality and the phenomenological richness that characterize this relationship. Because of the socio-historical inscription and the social participation at stake, the theory of social representations and the paradigm of social partitions constitute the theoretical framework whose articulation operationalizes the psychosocial look that has been applied. This articulation gave rise to an architecture of empirical contributions combining qualitative analyzes (in particular newspapers’ articles) and experimental devices. In total, five studies were conducted. The first study focuses on representational elaborations around Maghrebi immigration to France and highlights the need to integrate the relation to France in the study of the relation to French from Maghrebi origin in order to apprehend the games of opposition, domination and inclusion-exclusion that are at work. The results also show the co-constructivist character of relations and representations and support the relevance of an examination of the intervention of possible psychosocial distances, in particular between "French" and "Arabs", in the structuring of representations of "Arabs". The two subsequent studies then question the articulation between the relation to "Arabs", the relation to "French" and the construction of representations of "Arabs", among participants declaring themselves French of European origin, in an ingroup context (between "French") and in an intergroup context (with an "Arab"). It appears that the "representations-relations" block fulfills contextualizing functions and is itself deeply adaptable to the interaction. A third study questions the use, in the two previous contributions, of "French" and "Arabs" as groups’ designations. It thus relates exclusively to the designations of the French of European origin and the French of Maghrebi origin among participants from both categories. By means of interviews inspired by the method of study of social partitions, the results lead us to retain "French", "Arabs" and "Maghrebis" as the designations that should allow the finest possible analysis of the relations between the two categories. Based on these designations, a last study uses representations to examine in an articulated way (1) the type of relationship between "French" and "Arabs", on the one hand, and "French" and "Maghrebis", on the other hand, (2) the reflexivity of the French of European origin in the context of this relation and (3) the symbolic insertion of France. Through a manipulation of the categorical context of interaction (ingroup versus intergroup), a reading of the results suggests to see the polymorphism of this relation as forms of control, defense and projection from which stigmatization, degradation and exclusion are, paradoxically, the expressions of a specific mode of psychosocial transaction in which it is not a question of rejecting the French of Maghrebi origin outside France. Despite the complexity of the theoretical articulation and the methodological approach, the present work demonstrates the possibility of studying, from a unified psychosocial point of view, phenomena as multiple, diverse and complex as those relating to the relation with the French of Maghrebi origin in France.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2018UBFCH015 |
Date | 05 July 2018 |
Creators | Harabi, Sofiene |
Contributors | Bourgogne Franche-Comté, Castel, Philippe |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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