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Corps rêvés

Corps rêvés est un recueil graphique sur la corporéalisation, un terme que j’utilise pour désigner l’action d’être ou de se sentir être un corps, dans un contexte où les idées de dépassement du corps et de projection vers le futur sont omniprésentes – ce que je nomme les imaginaires posthumains. Le recueil se présente sous la forme de onze livrets autonomes, mais interreliés et qui peuvent être lus dans l’ordre souhaité, dans un désordre orchestré. Le Préambule,
cependant, sert de guide pour l’entrée dans la lecture.

Cette thèse invite le·a lecteur·ice à un plongeon en plein milieu des corps, des rêves, du posthumain et d’un long processus de recherche-création par l’écriture et le dessin. Mêlant fiction, autofiction, écrits phénoménologiques, théoriques et dessins (dont une grande partie à l’aquarelle), j’explore différents “je”, assumant une posture située, et autant de manières de faire corps, de se corporéaliser.

Je convoque des matières, des corps, humains ou non, vivants ou non, des lieux, des mémoires, des éléments – eau, air, feu, terre – qui m’aident à figurer, discuter, imaginer certaines corporéalisations. Je fais appel à une littérature sur le posthumain, des perspectives post-humanistes, phénoménologiques, mais aussi littéraires et graphiques.

Je convoque également des théories de la communication médiatique qui m’aident à concevoir les différents livrets comme des milieux, c’est-à-dire des lieux d’émergence de ma thèse. L’idée de milieu parle autant du processus que du contenu. Les rêves sont aussi des milieux ; ce sont eux qui articulent et donnent matière aux intuitions du recueil. Ils sont matérialisés par les fonds de couleur à l’aquarelle sous-tendant tous les textes et dessins. Ces fonds changent de couleur pour rappeler les différents états de mes rêves, comme les impressions colorées laissées sur la peau d’un poulpe en plein rêve.

Je vous invite en eaux troubles, en plein brouillard, dans le récit d’une chercheuse-créatrice qui éprouve son corps le plus souvent par la douleur et la fatigue chronique de la fibromyalgie. Ceci n’est pas central, mais constitue plutôt une trame de fond du recueil, tout comme les imaginaires posthumains.

Bien que ma posture puisse être qualifiée de queer et phénoménologique, je prends soin de feinter les (mes) éventuelles tentations de la catégoriser. C’est qu’à la manière des furtifs imaginés par Alain Damasio--ces êtres insaisissables par le regard humain, je tente par tous les moyens de rester en perpétuel mouvement, vivante et, surtout, de ne pas me laisser enfermer par mes propres discours.

Enfin, ce recueil graphique s’intéresse aussi à ce que son élaboration fait à mon corps. En faisant advenir certains corps, j’ai transformé le mien profondément, et les traces de cette transformation toujours en cours sont présentes à travers les pages colorées de Corps rêvés. / Corps rêvés is a collection of graphic booklets about corporealization, a term that I am using to express the action of being a body, or feeling oneself being a body, in a context where the ideas of going beyond the body and of projection towards the future are omnipresent (what I call posthuman imaginaries). This collection is presented in the form of eleven interrelated yet self-contained booklets, which can be read in the desired order, an orchestrated disorder. The Preamble, however, serves as a guide for the entrance into the reading.

This thesis invites the reader to a dive in the middle of bodies, dreams, the posthuman and a long process of research-creation through writing and drawing. Mixing fiction, autofiction, phenomenological and theoretical writings and drawings (a large part of which is done in watercolor), I explore different «I», assuming situated postures as many ways of making a body, of being corporealized.

I call upon different materialities, human and non-human, living and non-living, places, memories, elements - water, air, fire, earth - which help me to figure, discuss, imagine certain corporealizations. I call upon a literature on the posthuman, post-humanist and phenomenological perspectives, but also literary and graphic.

I also call upon literature on the media that helps me to conceive the different booklets as media, i.e. places of emergence of my thesis. The idea of medium speaks as much about the process as about the content. Dreams are also media; they are the ones which articulate and give substance to the intuitions of the collection.

They are materialized by the watercolors grounding all the texts and drawings. These backgrounds change color to recall the different states of my dreams, like the colored impressions left on the skin of an octopus in full dream.

I invite you into troubled waters, in the middle of a fog, into the story of a researcher-creator who experiences her body most often through the chronic pain and fatigue of fibromyalgia. This detail is not central, but it constitutes a sort of background to the collection, as the posthuman imaginaries do.

Although my posture can be qualified as queer and phenomenological, I take care to feint the (my) possible temptations to categorize it. Like the furtives imagined by Alain Damasio (these beings in perpetual movement, elusive to the human gaze), I try by all means to remain in movement, alive and, above all, not to let myself be locked up by my own discourses.

Finally, this graphic collection is also interested in what its elaboration does to my body. By making certain bodies come to life, I have profoundly transformed mine, and the traces of this ongoing transformation are present throughout the colorful pages of Corps rêvés.

Identiferoai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/32110
Date05 1900
CreatorsFrançois, Agathe
ContributorsBardini, Thierry, Grenier, Line
Source SetsUniversité de Montréal
Languagefra
Detected LanguageFrench
Typethesis, thèse
Formatapplication/pdf

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