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Développement des comportements antisociaux de l’enfance au début de l’âge adulte : différences sexuelles et théories du contrôle

Contexte. Alors que le fait que les femmes manifestent moins de comportements antisociaux que les hommes est bien établi, l’étiologie des différences sexuelles liées à ces comportements demeure grandement incomprise. Objectif. Le but de cette thèse était de mieux comprendre l’étiologie des différences sexuelles liées aux comportements antisociaux de l’enfance au début de l’âge adulte. Cadre théorique. Les propositions des théories du contrôle en regard des différences sexuelles ont été examinées en comblant certaines de leurs limites utilisant une approche développementale. Les associations entre le contrôle parental, le contrôle de soi, le patriarcat familial et les comportements antisociaux des hommes et des femmes ont été analysées. Une attention particulière a été portée aux périodes développementales (ex., adolescence, âge adulte), aux types de comportements (ex., violents, contre les biens) et aux types de mesures (ex., autorapportés, dossiers criminels) afin d’assurer une analyse complète des différences sexuelles. Méthodologie. Les données proviennent de 3007 participants de l'Étude longitudinale québécoise des enfants de maternelle au Québec, prospectivement suivi de la maternelle au début de l'âge adulte. Les comportements antisociaux ont été mesurés à l'enfance (6 à 12 ans), à l'adolescence (13 à 17 ans) et au début de l’âge adulte (âgés de 18 à 26) par des questionnaires autorapportés, entrevues cliniques et dossiers criminels juvénile et adulte. Des analyses multiniveaux et modèles complexes non paramétriques (ex., régression binomiale négative avec inflation du zéro, régressions longitudinales à associations croisées) ont été utilisés pour vérifier les hypothèses des théories du contrôle social, du contrôle de soi, et du pouvoir-contrôle quant aux différences sexuelles. Principaux résultats. Les résultats ont montré que le contrôle de soi et le contrôle parental étaient associés de manière similaire aux comportements antisociaux des hommes et des femmes. Les filles avaient généralement un meilleur contrôle de soi et étaient plus contrôlées par leurs parents que les garçons, ce qui explique partiellement leur moins grande manifestation de comportements antisociaux. Ni les contrôles parentaux ni le contrôle de soi n’expliquent l’entièreté des différences sexuelles liées aux comportements antisociaux. Les résultats ont aussi révélé des influences réciproques entre le contrôle de soi, le contrôle parental et les comportements antisociaux, suggérant l’interaction de l'enfant avec son environnement dans l'émergence et la persistance des comportements antisociaux. Le patriarcat familial n’intervient généralement pas dans l’étiologie des comportements antisociaux des garçons ou des filles. Néanmoins, les résultats suggèrent que le contrôle de soi et le patriarcat familial pourraient influencer davantage la fréquence ou la diversité des comportements antisociaux rapportés dans les dossiers criminels. Conclusions. La présente thèse montre l’importance d’étudier les différences sexuelles liées aux comportements antisociaux dans toute leur complexité, c’est-à-dire en considérant la période développementale et les types de comportements et de mesures. Les résultats suggèrent que les mêmes facteurs de risque du contrôle seraient associés aux comportements antisociaux des hommes et des femmes et que ces facteurs de risque auraient un effet similaire sur eux. Ces résultats suggèrent que l’exposition différentielle des hommes et des femmes à ces facteurs de risque expliquerait les différences sexuelles liées aux comportements antisociaux. Un modèle alternatif du contrôle est proposé pour améliorer la compréhension de l’étiologie de ces différences sexuelles. / Context. The fact that girls manifest less antisocial behavior than boys is well known, although the etiology of the sex differences in antisocial behavior is still relatively misunderstood. Objective. The aim is to improve the understanding of the etiology of sex differences in antisocial behavior from childhood to early adulthood. Theoretical Framework. A theoretical framework was built based on control theories in criminology, addressing their weaknesses with developmental studies strengths. Associations between three control-related constructs (i.e., self-control, parental control, and familial patriarchy) and boys’ and girls’ antisocial behavior is assessed across developmental periods, in addition to their interplay. Method. Data are from 3007 participants of the Québec Longitudinal Study of Kindergarten Children prospectively followed from kindergarten to early-adulthood. Antisocial behavior was assessed during childhood (ages 6 to 12), adolescence (ages 13 to 17) and early adulthood (ages 18 to 26) using questionnaires, clinical interviews, and juvenile and adult official records. Multilevel analyses and non-parametric complex models (e.g., Zero-Inflated Negative Binomial Regressions, Cross-Lagged Path Modeling) were used to test the hypotheses regarding sex differences in antisocial behavior proposed by self-control theory, social control theory and power-control theory. Main Results. Results showed that self-control and parental control are risk factors of antisocial behavior for boys and girls. Girls generally had a better self-control and were more controlled by their parents than boys, which partially explained that they manifested less antisocial behavior. Neither self-control nor parental control explained the entirety of the noted sex differences in antisocial behavior. In addition, there were reciprocal influences between self-control, parental control, and antisocial behavior from childhood to adolescence, suggesting a transactional process of the child and its environment in the emergence and persistence of antisocial behavior. Familial patriarchy was overall not associated with boys’ or girls’ manifestation of antisocial behavior. Results, however, indicated that self-control and familial patriarchy could have a stronger influence in regards of the frequency and/or diversity officially recorded antisocial behavior. Conclusions. This thesis supports the relevance of considering all variations in sex differences in antisocial behavior, namely variations across developmental periods, types of behavior and measures. Results suggest that the same control risk factors are associated with boys’ and girls’ antisocial behavior and that those risk factors have a similar effect for them. Sex differences in exposition to those risk factors would generally better explain sex differences in antisocial behavior. An alternative developmental model of control is proposed to account for all sex differences.

Identiferoai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/19285
Date05 1900
CreatorsRobitaille, Marie-Pier
ContributorsOuellet-Morin, Isabelle, Cortoni, Franca
Source SetsUniversité de Montréal
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeThèse ou Mémoire numérique / Electronic Thesis or Dissertation

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