Cette thèse poursuit un double objectif. D’une part, montrer l’apport que constitue la philosophie de Gilbert Simondon à une compréhension renouvelée du design et des problématiques contemporaines qui l’habitent. D’autre part, renverser l’image communément attribuée au design : alors que celui-ci se présente majoritairement comme une force de résolution de problèmes, d’innovation et de progrès, l’anthropotechnologie déployée par Simondon interroge cette prétention démiurgique. La première partie de ce travail s’intéresse aux conditions historiques de ce dialogue entre la philosophie simondonienne et la pensée du design des années 1950. La deuxième partie problématise la pensée contemporaine du design : en centrant son activité sur la figure de l’« usager », celle-ci évacue la question de la matérialité de notre environnement et des relations écologiques que nous tissons avec elle. La pensée de Simondon ouvre, au contraire, la voie d’une « rematérialisation » de la pensée design. La troisième partie nous immerge dans le monde spécifique des pratiques de conception dans le but d’informer la logique propre au geste de design en train de se faire. Il s’agit alors de penser le design à partir de ce qu’il produit littéralement : non pas des biens de consommation, ni des services améliorant la qualité de vie des « usagers », mais une multitude de diagrammes, prototypes et maquettes donnant forme à un problème de conception. En suivant les pratiques de conception de ce point de vue endogène, il s’agit de rendre compte des conséquences politiques d’une telle opération. Le design se définit alors comme un lieu fragile d’exploration, d’expérimentation et d’invention de problématiques présentes ralentissant toute promesse de progrès futurs. / This thesis has a twofold objective. On the one hand, to examine the contribution of Gilbert Simondon’s philosophy to a renewed understanding of design and to the contemporary issues that inhabit it (relation to the user, to ecology). On the other hand, to invert the image commonly attributed to design: while this one presents itself mainly as a force for solving problems, innovation and progress, the anthropo-technology deployed by Gilbert Simondon questions this demiurgic claim. The first part of this work focuses on the historical conditions of this dialogue between the Simondonian philosophy and the thought of design in the 1950s. The second part problematizes the contemporary thinking of design: by focusing its activity on the figure of the “user”, it evacuates the question of our environment materiality and the ecological relations that we forge with it. Then, the thought of Simondon opens the way to a “rematerialization” of design thinking. The third part immerses us in the specific world of design practices to trace the logic of design in the making. It is then a question of thinking design from what it produces literally: not consumer goods, nor services improving the quality of life of “users”, but a multitude of diagrams, prototypes and models giving shape to a design problem. Thus, design first produces “designing” objects — questioning our ways of dwelling the world — before populating the world with “designed” objects. By following the design practices from this endogenous point of view, we account for the political consequences of such an operation. Design is then defined as a fragile place of exploration, experimentation and invention of current problems slowing down any promise of future progress.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2019PA100008 |
Date | 23 January 2019 |
Creators | Beaubois, Vincent |
Contributors | Paris 10, Sauvagnargues, Anne |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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