Trente cinq ans ont passé depuis la fin de la Guerre du Viêt Nam, mais pour les femmes ex-volontaires le combat continue. Combat pour une vie décente. À leur retour, pour s’intégrer à une vie normale, il leur a fallu dépasser toutes sortes de difficultés: d’abord celles liées à leur état de santé, puis les difficultés économiques, sociales et familiales. Bien que l’État vietnamien ait enfin adopté des mesures en leur faveur, celles-ci se sont révélées impuissantes à améliorer leur niveau de vie et à compenser leurs souffrances. Elles ont donc le sentiment de ne pas avoir été reconnues. Les résultats scientifiques de cette thèse ont montré que le choix altruiste de leur engagement pendant la guerre s’était fait sur une base « rationnelle ». Malgré certains cas d’engagements « forcés », la majorité d’entre elles se sont déterminées à partir d’un intérêt privé: venger la mort d’un proche, obéir à l’esprit révolutionnaire familial, ou goût de l’uniforme, peur du « qu’en-dira-t-on », désir d’indépendance, fuir la pauvreté familiale, laisser un garçon à la maison pour s’occuper des ancêtres et s’engager à sa place. Intérêt d’ordre personnel, familial, économique ou révolutionnaire. Rarement purement patriotique. Sur les champs de bataille, elles ont non seulement aidé les combattants en assumant les transports de munitions, de vivres, de blessés ou les travaux reconstruction des routes, mais elles ont aussi combattu aux côtés des hommes, armes à la main. Nous avons vu l’importance des éléments extérieurs, « exogènes », ayant contribué à leur souffrance, comme l’environnement géographique (montagnes, jungle et présence d’animaux dangereux ou porteurs de maladies); le climat (alternance de pluies ou de sécheresses intenses); les circonstances de guerre (bombardements, produits chimiques, blessures, exposition à la mort) et les circonstances dues aux déplacements (faim, soif, fatigue, épuisement du corps). À leur retour, ces femmes n’ont pas été reconnues. Les traces laissées sur leur corps par la guerre ont gravement perturbé leur intégration: solitude, mariage difficile, santé maladive. Leur faible niveau d’éducation ne leur permettant pas de trouver un emploi correct, c’est donc sur tous les fronts qu’elles ont dû se battre: personnel, familial et professionnel. La société, à ce jour, les distingue en six catégories: mariées, divorcées, séparées, célibataires, sans enfant et sans-abri. C’est ainsi, avec l’ensemble des ex-jeunes volontaires qui réclamaient une identité et des droits particuliers, qu’ils ont d’abord « lutté pour la reconnaissance ». Puis ont participé à la création du Comité de liaison des ex-jeunes volontaires, auquel a succédé l’Association des ex-jeunes volontaires. Cette association a constitué LA nouvelle force motrice. Elle a joué pleinement son rôle d'un témoignage historique, exigeant du Parti et des autorités locales la mise en œuvre de politiques sociales appropriées. Mais ces politiques n’ont répondu que partiellement aux attentes. « Le don et le contre-don » ne sont donc pas équitables, car cette aide demeure très insuffisante et ne touche qu’un nombre restreint de femmes, celles ayant pu conserver durant toutes ces années les fameux papiers justifiant leur engagement, et justifiant leurs blessures. / Thirty five years have passed since the end of the Vietnam War, however, for the women who volunteered, the combat continues. A combat for a decent life. Upon their return, in order to integrate into a normal life, they had to go through many trials: firstly those related to their health conditions, then financial, social and family difficulties. Even though the Vietnamese State adopted measures in their favour, they turned out to be insufficient in improving their lives and compensating their suffering. They thus feel as though they have gone unrecognized. Scientific results of this Thesis have shown their altruist choice of committal to the war was made upon a "rational" basis. Despite certain cases of "forced" involvement, the majority of them were determined to leave out of personal interest: such as the vengeance of loved ones, to obey to the revolutionary family, the taste for a uniform role, fear of being outcast for not participating, a desire for independence, an escape from poverty, wanting to leave one man at home to take care of the ancestors and enrolling in his place, an interest for personnel, family, economic or revolutionary order. Rarely was their enrollment in the army pure patriotism. On the battle field, they not only helped the troops by transporting ammunition, people both well and wounded, they reconstructed the roads and fought beside the men weapons in hand. We have seen the importance of outside elements "exogenous", having contributed to their suffering, such as geographical placement, (mountainous and jungle regions and their contact with animals carrying decease; the climate change and intensified rain and dry seasons; the circumstances of war (chilling, chemical sprays, wounds, regular exposure to death) and the circumstances due to unstable living conditions such as constant movement (hunger, thirst, fatigue, physical exhaustion). Upon their return, these women went unrecognized. The traces left on their bodies by the war had seriously interfered with their reintegration into the society that they left. They returned disease-ridden to solitude, marriage problems and poor health. Their low level of education held them back from employment opportunities, leaving them to continue a new fight, one of a more personal level. The society, to this day, distinguishes them by six categories: those married, divorced, separated, and single, without children and those that are homeless. Thus it is the entire group of ex-volunteers that are seeking an identity along with certain rights as they have justly "fought for recognition" then participated in the creation of the Liaison Committee of ex-volunteers, which led to the succession of the Association ex-volunteers. This association constituted THE new motor force. It has played the role of a historic witness, forcing the Party and local authority's to value more appropriate social politics. However these politics haven't responded to any particular expectations. « The gift and return gift” are not equal, because this help has been largely insufficient and only reaches out to a restricted number of women, those who had kept their paperwork during the risky years of their engagement and those able to justify their wounds.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2013PA100085 |
Date | 26 June 2013 |
Creators | Kim, Van Chien |
Contributors | Paris 10, Caillé, Alain |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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