Le roman Les chrysalides (Tableaux vivants) (1995), de l'auteure tchèque Daniela Hodrová, deuxième volet de sa trilogie Cité dolente, met en scène, à travers 126 tableaux, des personnages aux identités insaisissables, mouvantes, transmuables et dont le corps est le lieu de sempiternelles métamorphoses. Grâce aux multiples transmigrations et transfigurations des protagonistes, le passé ressurgit et le futur se révèle du même coup ; ces temps s'imbriquent au présent dans une ronde d'évènements qui convergent perpétuellement vers Prague, cette ville devenue le véritable « espace-défilé » (Les Chrysalides, 1995) des âmes et des êtres qui peuplent le récit. Dans le premier chapitre, nous démontrons que le récit se déploie selon la logique d'un temps circulaire, d'un schéma variationnel propre au concept nietzschéen de l'éternel retour et que cette circularité permet la réactualisation et le recyclage de certains mythes tchèques et mondiaux, en particulier le mythe de la métamorphose (Brunei, 1974). Le deuxième chapitre est consacré au chronotope (Bakhtine, 1978), concept problématisé puisque l'unique toile de fond du roman, Prague, est, à l'instar des personnages, constamment en processus de permutation, et le temps, qui revient cycliquement, s'y superpose en « couches » en une « accumulation verticale d'épisodes » (Le Grand, 1995). Le troisième et dernier chapitre concerne l'intertextualité (Kristeva, 1969) qui structure ce roman. Nous dégageons certains intertextes historiques, littéraires et mythiques présents dans la diégèse des Chrysalides. Notre méthode globale se fonde donc tout à la fois sur les théories du temps mythique, du chronotope et de l'intertextualité. Tout en relevant les différentes métamorphoses induites par la répétition et le retour éternel des personnages qui traversent la cité dolente, nous montrons, dans notre mémoire, que la circularité des mythes présents dans Les Chrysalides projette les protagonistes dans un éternel présent et que le mouvement inhérent à l'intertextualité du roman s'apparente à celui de l'éternel retour. Le processus de permutation de textes, le recyclage et la circularité des mythes, aussi bien que l'imbrication des temps dans Les Chrysalides ouvrent la voie à une interrogation philosophique sur la notion d' identité, que le roman remet en cause, ainsi qu'une réflexion sur le temps et l'espace et sur le passage de l'être dans le temps.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Daniela Hodrová, circularité, mythes, éternel retour, répétition, chronotope, intertextualité, métamorphoses
Identifer | oai:union.ndltd.org:LACETR/oai:collectionscanada.gc.ca:QMUQ.4719 |
Date | 08 1900 |
Creators | Arsenault, Maude |
Source Sets | Library and Archives Canada ETDs Repository / Centre d'archives des thèses électroniques de Bibliothèque et Archives Canada |
Detected Language | French |
Type | Mémoire accepté, NonPeerReviewed |
Format | application/pdf |
Relation | http://www.archipel.uqam.ca/4719/ |
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