Le point de départ des travaux entrepris est la définition lefortienne de la démocratie par opposition au totalitarisme. Le totalitarisme est l’institution d’une société organique, une et homogène, dans laquelle aucune division sociale, aucun désaccord avec l’idéologie véhiculée par le parti ne sont possibles. La spécificité de la démocratie, a contrario, est de s’enrichir de la désintrication du pouvoir, du droit, et du savoir. Les citoyens, dotés de droits fondamentaux, sont juges de la légitimité du pouvoir établi. Leurs désaccords ainsi que l’antagonisme entre les classes sociales nourrissent l’exercice d’un commun litigieux. De là, une question fondamentale : une telle définition de la démocratie est-elle historiquement datée, ou continue-t-elle d’être pertinente aujourd’hui ? Doit-on encore concevoir la démocratie, pour la rendre authentique, par le conflit civil érigé en principe politique, ou faut-il l’envisager de manière consensualiste au lendemain de son opposition avec le totalitarisme ? Claude Lefort s’inspirait de Machiavel pour dépasser les limites du marxisme et repenser la démocratie par la valorisation du conflit civil, indissociable de la figure de l’imaginaire social. La thèse ici soutenue adopte différemment une perspective néo-machiavélienne. Elle revient à proposer un espace public dissensuel à partir du modèle machiavélien de l’entente dans le conflit, par confrontation avec l’espace public habermassien et d’autres conceptions du tort et du conflit dans les démocraties contemporaines. Comment concevoir aujourd’hui les figures du conflit civil et de l’imaginaire social, en s’inspirant paradoxalement de Machiavel pour interroger la démocratie ? / The starting point of the present work is the Lefortian definition of democracy as opposed to totalitarism. Totalitarism is the institution of an organic society, one and homogeneous, where no social division, no disagreement with the party’s ideology are possible. On the contrary democracy’s specificity consists in enriching itself with the disentanglement of power, law and knowledge. Citizens, endowed with fundamental rights can judge of the legitimacy of the power in place. Their disagreements as well as the antagonism between social classes fuel the dispute about common good.Hence a fundamental question: is such a definition of democracy historically dated or is it still relevant today? To make it authentic should democracy be seen through civil conflict made into a political principle or should it be viewed in a consensualist way just after its opposition to totalitarism? Claude Lefort drew from Machiavelli to go beyond the limits of Marxism and rethink democracy by giving more importance to civil conflict as an integral part of the theme of social imaginary. The present dissertation adopts in a different way a neo-Machiavellian perspective. It amounts to proposing a dissensual public space on the Machiavellian model of understanding within conflict by confronting it with the Habermassian public space and with other conceptions of wrong and conflict in contemporary democracies.Today how can the themes of civil conflict and social imaginary be viewed – paradoxically drawing from Machiavelli- to question democracy?
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2011ENSL0673 |
Date | 24 November 2011 |
Creators | Roman, Sébastien |
Contributors | Lyon, École normale supérieure, Senellart, Michel |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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