« Lisez l’histoire et le tableau » : telle est l’invitation formulée par Poussin à l’adresse d’un de ses commanditaires, etqui d’une certaine manière consacre d’emblée le bien-fondé d’une approche iconologique de ses oeuvres. Et l’artisted’affirmer ailleurs que « la nouveauté dans la peinture ne consiste pas surtout dans un sujet non encore vu, mais dans labonne et nouvelle disposition et expression, et [qu’] ainsi de commun et vieux, le sujet devient singulier et neuf ».S’agissant cependant de la part cruciale de l’inspiration de ce peintre savant que représente la transposition des auteursclassiques, nous avons constaté que ses modalités n’avaient guère retenu l’attention de la critique. Nous avons donctenté de saisir, pour reprendre les mots de Poussin, ce qui fait la nouveauté et la singularité de la manière dont il traite sesapports littéraires. Il est ainsi apparu que le parti qu’il en tire, bien moins illustratif que d’ordre herméneutique, exige uneparticipation active du spectateur, en l’occurrence invité à déceler dans ses tableaux les rapports secrets qui s’y trouvent suggérés entre plusieurs passages d’une même oeuvre, voire entre le texte ancien apparemment figuré et tel autre, le cas échéant d’un auteur cette fois moderne. Une telle conception de sa pratique culmine dans le recours à un dispositif tout aussi ignoré de la critique, alors qu’il apparaît on ne peut plus caractéristique de l’art de Poussin : l’équivoque visuelle. Nous y percevons en dernier recours l’héritage du tableau à énigme cher aux collèges jésuites, et par là l’une des nombreuses marques que contient son oeuvre de la culture propre aux membres de la Compagnie. / « Read the story and the painting »: this invitation, sent by Poussin to one of his patrons, grounds the iconological approach of his works. The artist asserted elsewhere that « newness in painting does not consist mostly in a yet unrepresented subject, but in a proper and new dispositio and elocutio, thus turning the common and the old into the singular and new ». Still, little sustained critical attention has been paid to the actual ways in which Poussin made use and transposed the Ancient authors from which this erudite painter drew a large of share of his inspiration. We have therefore tried to recover what, according to Poussin himself, constitutes the newness, the singularity of his way of transposing the literary material. It appears that, rather than producing an illustration, Poussin’s word relied on a hermeneutic mode of engagement, calling upon the viewer to decipher in the paintings the secret relationships drawn between a plurality of a literary work’s loci, or between the Ancient source text ostensibly figured in the painting and another, eventually modern one. Such a conception of his practice is epitomized in Poussin’s characteristic use of a critically neglected device : the visual equivoque. We mayrecognize in its use the trace of a genre, that of the enigma painting, dear to the culture of Jesuit colleges, and anothermark of their influence on Poussin’s oeuvre.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2016REN20007 |
Date | 22 January 2016 |
Creators | Hourquet, Jean-Louis |
Contributors | Rennes 2, Fontanier, Jean-Michel |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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