Cette thèse consiste à interroger les expériences de la guerre russo-japonaise (1904-1905), en rapprochant deux objets historiques : l'histoire de la guerre et l'histoire de la médecine. Son objectif est de documenter et d’analyser l'organisation du Service de santé de l’armée impériale japonaise et les pratiques médicales qui en déroulent au tournant du vingtième siècle. En examinant la professionalisation de la médecine militaire pendant l’ère Meiji (1868–1912) et son implication pendant le conflit de 1904-1905, il est question de comprendre la production culturelle des discours, des objets et des images liées aux maladies et aux blessures de guerre. Cette analyse repose sur les regards croisés des différents acteurs (Japonais et observateurs internationaux) sur le corps blessé et malade, que les atteintes soient physiques ou psychiques. Les résultats montrent comment le bouleversement sur le champ de bataille, induit par l’augmentation de la puissance de feu et la réorganisation tactique et stratégique suscitée par cette dernière, est aussi le pendant d’une médicalisation des activités combattantes, de la recherche militaire et de la production d’expertises. Le paradigme du « combat asceptique » et le succès de la lutte contre les maladies servent à légitimer le rôle de la médecine dans les armées. Par ailleurs, la transformation des formes de violence de guerre accentue aussi la fragilité des médecins sur le champ de bataille, où les effets de l’industrialisation progressent. À l’épreuve de la professionnalisation, de la spécialisation et des pratiques individuelles, cette thèse discute les apports et les limites des stratégies adoptées par les médecins japonais pour préserver la santé des armées face à la violence de la guerre industrielle. / This thesis analyses the experiences of the Russo-Japanese War (1904-1905), bringing together two historical objects of inquiry: the history of warfare and the history of medicine. Its purpose is to document and understand the organization of the Imperial Japanese Army Sanitary Corps and the medical practices that unfolded within it at the turn of the twentieth century. Focusing on the creation and the institutionalization of the care of the war wounded and sick during the Meiji era (1868-1912) and its implications for the conflict of 1904-1905, this thesis highlights the institutional and social dynamics of military medicine and the cultural production of discourses, objects and images related to war diseases and wounds. Our theoretical framework articulates the entanglement of the various actors’ perceptions (Japanese doctors and international observers) on the wounded and/or diseased body. Our results show how the transformation of the battlefield, induced by increased firepower and the resulting tactical and strategic reorganization, was also a driving force for the medicalization of combat activities, military research and the production of expertise. These processes reshaped the paradigms of combat aimed at maintaining the competitiveness of the military, that the success of preventive medicine serves to legitimize. They also accentuate the fragility of the army and the structure of medicine on the battlefield, which were under increasing stress due to the rapid progress of industrialization. The professional specialization and individual practices observed during the war lead us to discuss the benefits and limits of the strategies adopted by Japanese military surgeons to resist the increasingly destructive realities of industrial warfare.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2017PA100168 |
Date | 16 December 2017 |
Creators | Daimaru, Ken |
Contributors | Paris 10, Birkbeck college (Londres), Becker, Annette, Lozerand, Emmanuel, Shimazu, Naoko |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text, Image, StillImage |
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