La spécificité de l’adolescence est la venue au premier plan de la génitalité. Cela entraîne à la fois une métamorphose du corps et un remaniement psychique. À l’adolescence, le corps est aussi un lieu de contradiction que tantôt il attaque, tantôt il embellit dans un érotisme effréné. En effet, la contradiction peut se traduire sous forme symptomatique et manifester l’encombrement que l’adolescent ressent devant son corps qui lui échappe. Il ne sait pas repérer ce qu’il ressent, il ne sait pas le nommer et même il ne sait pas qu’il ne sait pas. Parfois le rapport qu’il entretient avec son corps est suffisamment paradoxal pour qu’il ne puisse pas se l’approprier. C’est cette étrangeté qui va provoquer un clivage chez l’adolescent. Les deux perspectives qui émanent de ces positions sont assez différentes quant à l’avenir du sujet. Ce travail s’inscrit dans la continuité de divers travaux de recherche sur la problématique adolescente. Il vient rendre compte de la mise en place dans un service de Pédiatrie générale d’un groupe thérapeutique à médiation écriture avec des adolescentes qui se scarifient. C’est en considérant ces scarifications comme un langage du corps au coeur de la problématique adolescente et pubertaire, et au regard des difficultés que ces adolescentes ont à mettre des mots sur l’indicible de leur douleur, que le groupe a été créé. La mise en place de celui-ci correspond plus globalement à une réflexion sur le processus d’adolescence, de subjectivation, et le rapport au corps, notamment à travers le travail de symbolisation à l’adolescence. Nous interrogeons également à l’endroit de notre réflexion, la médiation écriture en tant que dépôt d’une trace sur un support, qui au même titre que la rencontre de la lame sur la peau, viendrait comme une butée (Le Breton, 2002) ; la rencontre avec la feuille par analogie au corps viendrait recréer et offrir un contenant à la souffrance psychique. Le groupe quant à lui pourrait être vécu comme espace transitionnel au sens où l'entend Winnicott, au fondement de l’expérience créatrice et rassurante pour l’adolescente. Le corps aurait alors une fonction semblable dans ce qu'il incarnerait une frontière entre un dedans et un dehors. Une des fonctions de la pratique scarificatoire serait alors de restaurer les limites du Soi dans une lutte contre un possible effondrement. / The specificity of adolescence is the coming to the fore of genitality. This involves both a metamorphosis of the body and a psychic reworking. The body is also a place of contradiction that sometimes attacks, sometimes it embellishes in a frenzied eroticism. Indeed, the contradiction can be translated in symptomatic form and manifest the clutter that the adolescent feels in front of his body that escapes him. He does not know how to identify what he feels, he does not know how to name it and he does not even know he does not know. Sometimes the relationship he has with his body is sufficiently paradoxical that he can't appropriate it. It is this strangeness that will cause a cleavage in the adolescent. The two perspectives that emanate from these positions are quite different as to the future of the subject. This work is a continuation of various research works on the adolescent problem. He reports on the establishment of a therapeutic group in writing in a Pediatric General Service, writing with teenagers who are scarifying themselves. It is by considering these scarifications as a body language at the heart of the adolescent and pubertal problem, and in view of the difficulties that these teenagers have to put words on the indescribable of their pain, that the group was created. The setting up of this one corresponds more generally to a reflection on the process of adolescence, of subjectivation, and the relation with the body, in particular through the work of symbolization in adolescence. We also question the place of our reflection, the mediation writing as a deposit of a trace on a support, which as well as the meeting of the blade on the skin, would come as a stop (Le Breton, 2002); the encounter with the sheet by analogy with the body would come to recreate and offer a container for psychic suffering. The group could be seen as a transitional space in Winnicott's sense, at the root of the creative and reassuring experience for the teenager. The body would then have a similar function in what it would incarnate a border between an inside and an outside. One of the functions of the scarificatory practice would then be to restore the limits of the Self in a fight against a possible collapse.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2018LYSE2004 |
Date | 30 January 2018 |
Creators | Boinet, Pauline |
Contributors | Lyon, Morhain, Yves |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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