L’angoisse joue un rôle primordial dans l’œuvre de Léon Tolstoï, principe structurant de son système narratif et aiguillon de sa quête personnelle – littéraire, philosophique et religieuse. Trois grandes familles peuvent être distinguées parmi les personnages tolstoïens : ceux du « on », les « hommes de la société », constituant la masse des personnages secondaires ; ceux du « je », « je » qui émerge dans et par l’expérience de l’angoisse, « héros mobiles » auxquels il est donné d’évoluer ; et ceux du « nous », figures de la communauté des « hommes de la nature », détenteurs du savoir auquel aspirent les héros. L’intrigue se construit autour de la destinée de ces héros, dont l’évolution constitue une forme de parcours initiatique procédant par ruptures. Les étapes de ce parcours s’articulent autour de la crise, de la réaction à celle-ci et de sa résolution dans la révélation. Si les héros aspirent au salut de l’angoisse dans le dépassement de l’être individuel et la communion universelle, cette aspiration se traduit chez Tolstoï par un rapport complexe au moi se révélant à travers ses différentes pratiques d’écriture et par l’élaboration d’un projet éthique et esthétique devant permettre cette communion universelle. L’angoisse de Tolstoï lui-même semble devoir en outre être considérée dans le contexte du tournant du siècle, qui représente un tournant dans la culture et en particulier dans la littérature russe. L’utilisation, dans les textes où Tolstoï fait le récit de sa propre conversion, des schémas narratifs et procédés d’écriture élaborés dans les œuvres littéraires semble suggérer la possible « fictionnalité » de la résolution de sa crise personnelle. / Angst plays a primordial role in Leo Tolstoy’s writing, being the structuring principle of his narrative system and the heart of his personal – literary, philosophical, and religious – quest. Three categories can be distinguished among tolstoyan characters: the “men of society”, who constitute the mass of the secondary characters; the “mobile heroes”, whose individuality emerges in and from the angst experience; and the figures of the “men of nature”, holders of the knowledge heroes aspire to. The plot is built on these heroes’ destiny, whose evolution represents a form of initiatory path proceeding by ruptures. The steps of this course are articulated around the crisis, the response to it, and its resolution as revelation. While heroes aspire to escape from angst by going beyond the individual “I” and by the universal communion, this desire shows itself in the Tolstoy’s complex relation to the “I”, revealing itself through his various writing practices and by the development of an ethic and aesthetic project that should ensure this universal communion. Tolstoy’s personal Angst should be considered in the context of the century’s turn, representing a turning point in culture and in particular in Russian literature. The use, in the texts in which Tolstoy tells the story of his own conversion, of narrative patterns and writing devices developed in his literary works seems to suggest the possible “fictionality” of his personal crisis’s resolution.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2017PA040181 |
Date | 07 December 2017 |
Creators | Delaunay, Claire |
Contributors | Paris 4, Jurgenson, Luba |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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