Il existe dans le discours de la presse musicale américaine de nombreux de termes géographiques, dont la fonction n’est pas uniquement de localiser l’origine des courants musicaux ou d’opérer leur catégorisation par genre ou sous-genre : ces mots sont l’indice d’une véritable esthétique géomusicale, par laquelle lieux et musique se donnent sens et valeur. L’ancrage dans un lieu confère à la musique la valeur de vérité et de réalité que recouvre la notion d’authenticité, et donne lieu à des jugements esthétiques imprégnés de déterminisme géographique. Cependant, le lien avec un lieu étant considéré comme un gage de qualité, celui-ci a pu être renforcé ou fabriqué de toutes pièces par l’industrie musicale : paradoxalement, la géomusicalité serait le signe d’une manipulation, du factice, de l’inauthentique. Malgré tout, la musique ayant le pouvoir de rendre le lieu magnétique, en ce qu’il devient l’objet du désir des fans, la fiction musicale peut générer sa propre réalité. Ceci est d’autant plus le cas lorsqu’elle retient l’attention des responsables locaux, et est exploitée dans le cadre d’initiatives de développement économique, notamment sous l’angle touristique – ce qui correspond à une géomusicalité appliquée. Cette étude se donne pour objectif d’explorer les mécanismes de l’esthétique géomusicale, du discours journalistique à ses applications sur le territoire américains. Elle se conclut par une analyse des représentations de la Nouvelle-Orléans en tant que ville musicale au lendemain de l’ouragan Katrina. Les discours qui ont entouré la reconstruction du « berceau du jazz » permettent de mesurer les enjeux de l’association entre musique et lieu aux Etats-Unis, et leurs répercussions sur les identités locales. / The discourse on American popular music is fraught with geographical terms whose function is not merely to situate or to categorize music. This lexical field points to the existence of a geomusical imagination around American popular music, which attributes value and meaning to genres and styles that can be traced back to specific locales. Such rootedness is interpreted as a sign of authenticity in the musical discourse. For that reason, geographic authenticity has been fabricated by the music industry in order to increase the value of cultural products. In the same way, local authorities and the tourism industry have promoted the musical image of specifc places in order to make them more attractive to residents and visitors alike. Such initiatives can be considered as applied geomusicality, and decrease the gap between geomusical fiction and geographic reality. This study explores the many facets of geomusicality, from the American journalistic discourse to local initiatives that aim at promoting the musical image of places. It closes on a case study devoted to New Orleans after hurricane Katrina. The way the “cradle of jazz” was represented in the news and in official discourses as well as the musical reactions to the hurricane allow one to assess the many implications of geomusicality and its hold on popular imaginations.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2010PA040118 |
Date | 13 November 2010 |
Creators | Grassy, Elsa |
Contributors | Paris 4, Martinet, Marie-Madeleine |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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